L'extension de trois à onze du nombre de vaccins obligatoires pour les enfants qui naîtront à partir du 1er janvier 2018 est l’une des mesures du PLFSS 2018 débattu en nouvelle lecture cette semaine à l’Assemblée. Un sujet qui agite la société. Au Palais Bourbon, ce sont les Insoumis qui, mercredi 29 novembre dans la soirée, ont soulevé plusieurs interrogations. Des questions non sur la nécessité des vaccins -ils y sont favorables- mais sur le débat. François Ruffin notamment a pris la parole pour interpeller le gouvernement et ses collègues. Il déclare :
"Moi, je suis favorable aux vaccins, mais qu’est- ce qu’on a eu comme documents, comme rapports, comme statistiques pour pouvoir se faire notre avis dans cet hémicycle ? Non, je n’ai rien eu. Le débat n’a pas eu lieu dans cet hémicycle. Qu’un problème aussi important de santé publique où on décide de passer de 3 à 11 vaccins pour des millions d’enfants à travers le pays ne constitue simplement qu’une ligne budgétaire dans le projet de financement de la sécurité sociale est un déni de démocratie. Je pense qu’on en souffre. Moi, je vous parle en tant que parlementaire et en tant que que père, j'aimerais bien être intimement convaincu.(…) de la nécessité. Aujourd’hui je ne sais rien des effets indésirables, je n’en sais rien (…) Nous n’avons eu aucun débat réel. On ne m’a remis aucun rapport. Ce débat a été escamoté.
"
Le sang du rapporteur du texte, le député LREM Olivier Véran, n’a fait qu’un tour. Le médecin de formation lui répond vertement :
"Monsieur Ruffin, je vous remercie d’être venu en deuxième lecture parce que je vous ai écouté ce matin sur France culture. Je vais vous citer –parce que vous êtes là aussi pour faire l’animation : "Sur un strict plan démocratique, que le passage de 3 à 11 vaccins obligatoires soit réglé sans débat sans discussion à l’Assemblée nationale, vous croyez que cela va redonner confiance aux français dans le processus de décision ?"
Excusez-nous, mais nous étions ici en première lecture, nous avons débattu y compris avec des représentants de votre groupe (…) Madame Fiat a reçu, le 3 octobre à 10h21 du matin pour être précis, parce que parfois les faits face aux fake ça pèse aussi – elle a reçu un ensemble de documents de 600 pages avec des données politiques, scientifiques, de la littérature française, internationale. Nous avons auditionné le professeur Fischer en commission (…) Il y a eu une audition avec une table ronde avec des pro, des anti-vaccins. (…) Honnêtement nous avons débattu quelques heures, un débat intense, émouvant (…) Le débat démocratique a eu lieu. Alors, venir ce soir nous expliquer qu’il n y a pas eu de débat et que l’on est en train de faire quelque chose à la sauvette… Alors que vous avez eu cette expression avant même que le débat commence : "il faut qu’on attaque le président de la République sur des trucs à la con comme les vaccins". Excusez-moi, je trouve ça pas digne.
"
Un peu plus tard, François Ruffin explique que n’étant pas membre de la commission des Affaires sociales, il n’avait pas eu accès aux documents. Il poursuit :
"Je vous parle de toute bonne foi. Je ne suis pas un opposant aux vaccins, pas même un opposant à cette extension. J’ai lu tous les débats qui ont lieu dans cet hémicycle et je suis désolé, moi je ne suis pas membre de la commission des Affaires sociales. On ne m’a rien remis comme document avec des statistiques ainsi de suite.
"
Selon lui ce sujet méritait un projet de loi en soi. Tous les groupes étaient favorables à cette extension tout en insistant sur la pédagogie nécessaire pour expliquer cette mesure.
Ces onze vaccins - coqueluche, rougeole-oreillons-rubéole, hépatite B, bactérie Haemophilus influenzae (source de méningites), pneumocoque, méningocoque C, en plus de la diphtérie, du tétanos et la poliomyélite - seront obligatoires pour les enfants de moins de deux ans à partir de janvier prochain. Les parents récalcitrants ne seront pas sanctionnés pour défaut de vaccination.
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