C’est Mediapart qui a levé le lièvre . Le 5 février, le pure-player publiait une enquête sur "le compte caché des sénateurs UMP". On y découvrait qu’Henri de Raincourt, ancien patron des sénateurs UMP et ancien ministre de Nicolas Sarkozy, "arrondissait ses fins de mois au gouvernement grâce à une cagnotte secrète au Sénat". Soit un surplus de 4.000€ par mois.
Comme repéré par le site d’informations, le sénateur de l’Yonne a reconnu, dans une interview à L’Yonne républicaine du 7 février , avoir touché cette somme. Mais l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy chargé des relations avec le Parlement se justifie et nie toute "irrégularité".
"Les groupes peuvent ouvrir les comptes qu'ils veulent. Et les utiliser, nous l'avons déjà dit, comme ils l'entendent pour leur propre fonctionnement. C'est l’article 4 de la Constitution : les groupes politiques s’administrent librement. Donc que le groupe UMP prenne en charge depuis 2002 un certain nombre de dépenses, il n'y a pas là de quoi fouetter un chat. C'est parfaitement légal au regard de la loi, et de la Constitution", commence-t-il par développer pour sa défense avant de confirmer à demi-mots l’exactitude des affirmations révélées par Mediapart :
"A partir d'un élément, ils échafaudent des affirmations qui ne sont pas totalement fausses, mais avec beaucoup de confusion et d'erreurs. Et je peux parfaitement concevoir que ça peut être incompris par nos concitoyens qui ont une impression de magouille. Mais il n'y a aucune espèce de magouille.
"
Relancé pour savoir s’il a bien perçu 4.000€ par mois entre 2008 et 2011, lui qui était président du groupe UMP au Sénat en 2008 et 2009 avant son entrée au gouvernement où il restera jusqu’en mai 2012, Henri de Raincourt rétorque :
"Oui. Et ça rentre dans ce cadre-là au centime près.
"
"Si j'avais voulu le dissimuler, est-ce que ça aurait démarré par une lettre à en-tête officielle du Sénat, signée par le trésorier du Sénat ?" poursuit-il avant d’expliquer pourquoi il a continué à toucher une telle somme alors qu’il était devenu ministre et percevait les indemnités correspondantes :
"Mais ce qui était versé correspond à la période précédente durant laquelle j'ai alimenté les caisses du groupe comme sénateur (il reversait une partie de son enveloppe parlementaire, ndlr). Au gouvernement, je n'étais plus parlementaire, donc je n'alimentais plus les caisses du groupe.
"
Selon lui, cette double "rémunération" n’entrave en rien la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif. Et de balancer :
"Il s’agissait d’un fonctionnement qui concerne un nombre incalculable de sénateurs et auquel personne n’a pensé mettre fin. C'est hallucinant d'imaginer que j'ai pu bénéficier d'une rémunération irrégulière.
"
Pour l’ancien président socialiste de la commission des lois du Sénat, Jean-Pierre Sueur, "il est profondément anormal qu’un ministre ait été payé par un groupe parlementaire". Ancien collègue d’Henri de Raincourt au gouvernement, Gérard Longuet a estimé que c’était "une erreur, pour le moins".