Le magazine de France 2 Envoyé Spécial s’apprête à diffuser, ce jeudi 28 août, un portrait d’Arnaud Montebourg. "À force de conduire en état d’ivresse", l’ex-ministre de l’Économie "a fini par provoquer un accident"¸ selon les mots de Jean-Marie Le Guen cité dans Le Point. En guise d'accident, un remaniement pour le gouvernement et un départ de Bercy pour le chantre du redressement productif.
Mais aurait-il pu en être autrement tant Arnaud Montebourg pouvait se montrer virulent envers la politique menée par François Hollande ? Dans le reportage que lui consacre Envoyé Spécial, tourné au printemps après sa nomination au ministère de l’Économie, Montebourg critique face caméra la méthode présidentielle.
Il évoque son rôle passé de président du conseil général de Saône-et-Loire, sa consultation de "toutes les forces du département" lors du plan de redressement mis en place dans son fief, ses soirées passées avec les gens "pour leur expliquer dans quelle situation très difficile on était". "C’est ce que devrait faire Hollande avec la France", lâche-t-il tout en conduisant. Puis vient la salve, après que la journaliste lui demande si le ministre dit tout ça à son président :
"Je lui dis tout moi… Mais il n'écoute pas. Ce n’est pas grave, il fait ce qu'il veut.
"
Le passage est à voir en vidéo ci-dessous :
Une pique adressée au président, sans détour et directement devant les caméras. Montebourg n’est pas pris au dépourvu. Il sait exactement que ses mots sont enregistrés et amenés à être diffusés à la télé.
Exactement comme il savait que le journaliste Valentin Spitz l’enregistrait lors d’une conversation pour le livre de ce dernier, Moi Président (éd. L’Archipel). Voici ce que le ministre a déclaré tout en sachant que les micros étaient ouverts :
"Hollande ment tout le temps. C’est pour ça qu’il est à 20% dans les sondages. Il ment. Il ment tout le temps. Depuis le début. […] Avec François Hollande, on ne peut pas discuter. Donc on ne discute plus. Ça ne sert à rien, les discussions avec lui sont inutiles. Sympathiques, mais inutiles. Depuis que je suis ministre de l’Economie, je ne vais plus discuter avec lui à l’Elysée. Je passe mon temps à Matignon.
"
Mercredi 27 août, lors de la passation de pouvoirs avec Emmanuel Macron, Arnaud Montebourg a estimé qu’il fallait "savoir quitter la scène quand on ne sait pas jouer plus longtemps la comédie".