CEUX QUI L’AIMENT PRENDRONT LE TRAIN – Souvenez-vous, c’était à l’été 2012 : François Hollande et Valérie Trierweiler embarquant gare de Lyon pour leurs vacances à Brégançon. Sous le regard mi-amusé, mi-narquois des Français devant tant de "normalité" médiatique.
Deux ans et demi plus tard, force est de reconnaître que la rupture promise avec l’ère Sarkozy, marquée par un recours conséquent de l'exécutif aux avions de l’armée de l’air, est devenue effective. C’est ce qu’attestent les chiffres, passés un peu inaperçus, transmis début janvier par le ministère de la Défense au député René Dosière, expert scrupuleux de la gestion de l'argent public. Des données consultables depuis ces derniers jours sur le site de l'Assemblée nationale (ici, là et là).
Au cours de l’année 2013, François Hollande a volé ainsi 579 heures, soit 12 heures par semaine en moyenne, dans les cinq avions de l’ETEC (l’escadron chargé notamment du transport de l’exécutif). Pour un coût de 6,5 millions d’euros. En 2010, dernière année étudiée par René Dosière pour la précédente mandature, Nicolas Sarkozy a passé lui 1217 heures dans les airs. Soit une moyenne de 25 heures par semaine. Deux fois plus que son successeur ! Montant de la facture : presque 8 millions d’euros (comme le détaille la fin du rapport sur la loi de Finances 2012).
Dans tous les ministères, c’est le même régime. Au Quai d’Orsay, Bernard Kouchner puis Michèle Alliot-Marie ont volé 375 heures en 2010 pour une note de 2,3 millions d’euros. Un million de plus que Laurent Fabius et ses 300 heures de voyage aérien en 2013. En trois ans, la facture globale (président et gouvernement) chute de 17 à 14 millions d’euros. Une baisse de presque 17%, saluée avec ironie par René Dosière :
Si ça continue comme ça, l’ETEC va se retrouver au chômage.
Conclusion du député apparenté PS : "les ministres ont bien respecté la consigne de prendre le train".
Deux bémols toutefois : en privilégiant le coûteux Airbus A330 (l’autrefois décrié "Air Sarko One") sur les autres appareils, François Hollande n’a pas fait autant d’économies qu’il aurait pu.
Surtout, les remboursements des ministères pour ces "emprunts" d'avions à la Défense restent laborieux, sous Sarkozy comme sous Hollande. Parmi les mauvais payeurs, en 2013 : Matignon (2 147 804 euros remboursés pour une ardoise totale de 4 303 122 euros), l’Intérieur (46 484 euros de créances) ou encore… Bercy (21 000 euros).
"C’est sûrement un jeu d’écriture, pour reporter le paiement à l’année d’après. Et ça reste de petites sommes", relativise René Dosière. Certes, mais en attendant, c’est à l’institution militaire d’en supporter la charge. Pas très fair-play pour la Grande muette.
À relire sur le Lab : Non, Laurent Fabius n'a pas fait "le tour du monde une fois par mois en 2014"