EN FAMILLE - Quand les radicaux de gauche règlent leurs comptes en public, ça ne rigole pas. Mais alors pas du tout. Ces deux derniers jours, le président du PRG Jean-Michel Baylet et Paul Giacobbi, député radical de Haute-Corse, ont rivalisé de violence à coups de billets de blogs et d'interviews où chacun est, tour à tour, renvoyé à ses ennuis judiciaires ou accusé, à demi-mot, d'être mafieux.
> Round 1 : Giacobbi et la non nomination de Baylet au gouvernement
Mercredi 27 août, le président du Conseil exécutif de Corse se paye son chef, qui n'a pas obtenu de ministère à son goût à la faveur du remaniement. Pas de poste "à la hauteur de ce qu'il a porté pendant la primaire" de la gauche, a-t-il en tout cas fait savoir (il avait fait 0,6% au premier tour). Refus de Jean-Michel Baylet d'entrer au gouvernement et petit plaisir pour Paul Giacobbi, sur son blog :
Roulant des mécaniques au figuré et des "r" dans la prononciation, le président du PRG avait imprudemment proclamé que ce mouvement quitterait le gouvernement si son chef charismatique n’était pas lui-même promu au rang de "ministre régalien", sans doute à la justice, ce qui n’aurait pas manqué de sel ou à la défense, ce qui n’aurait pas manqué de culot.
L'élu corse joue sans préliminaires la carte des casseroles judiciaires. Mais il ne s'arrête pas là : "Il fallait accessoirement que le gouvernement garantisse le maintien éternel dans nos institutions républicaines de ce pilier sans lequel tout l’édifice s’effondrerait aussitôt : le conseil général du Tarn-et-Garonne", ironise-il avant de remarquer que "le Premier ministre n'en a eu cure".
Il fait surtout valoir que Christiane Taubira, "qui reste tout de même la figure emblématique" du PRG (alors qu'elle n'en fait plus partie), "est confirmée dans ses fonctions et dans les tous premiers rangs du gouvernement". Et en guise de conclusion, une citation :
Tout ce qui est excessif est insignifiant.
> Round 2 : Baylet et les "assassinats" dans "l'entourage immédiat" de Giacobbi
Piqué au vif, Jean-Michel Baylet répond par une interview non moins sanglante ce vendredi 29 août, accordée non pas à l'un des organes de presse dont il est dirigeant ou futur dirigeant, mais au journal Corse Matin, que Paul Giacobbi lit certainement avec attention tous les jours. Et il commence par ce qu'il présente comme un "proverbe antillais" :
Quand on veut monter sur le cocotier, il faut avoir les fesses propres.
À la suite de cette expression fort imagée, le président du PRG détaille sa pensée :
Comment peut-il se permettre de donner des leçons de la sorte lorsqu'on voit le nombre de procédures judiciaires et de perquisitions au conseil général de la Haute-Corse qu'il a présidé de longues années, ou encore le nombre d'assassinats dans son entourage immédiat ?
Paul Giacobbi appréciera. Mais Jean-Michel Baylet est loin d'en avoir fini avec lui :
Je crois que Paul Giacobbi souffre d'une sorte de complexe d'Œdipe. Son grand-père a été ministre, son père a été ministre et lui, c'est le vilain petit canard noir de la famille. Nicolas Sarkozy n'en a pas voulu, et dans les derniers gouvernements de gauche, il n'a jamais été question de lui.
C'est sans doute cette amertume, pour ne pas dire cette aigreur, qui est à l'origine de ce coup de sang.
Le patron des radicaux de gauche affirme qu'il n'y avait "jamais", par le passé, eu de divergence entre lui-même et son nouveau détracteur. À la question de savoir s'il envisage des sanctions contre ce dernier, il répond que pour lui, cette querelle s'arrête là : "Je ne suis pas du genre à entretenir les polémiques stériles, j'ai toujours préféré cultiver les convergences. J'aime que les choses soient dites clairement. Paul Giacobbi m'a attaqué, je me demande toujours bien pourquoi. Je réponds aujourd'hui par votre intermédiaire. Pour moi, en tout cas, le débat est clos."
À moins que Paul Giacobbi ne réclame un troisième round.