RAPPEL HISTORIQUE - Un reniement ? Où ça ? Pas de la part de François Hollande en tous cas. Et c’est Jean-Christophe Cambadélis, pas vraiment hollandais historique, qui l'explique.
Mercredi 13 mai, lors d’un débat organisé par Mediapart avec Emmanuelle Cosse et Jean-Luc Mélenchon, le premier secrétaire du Parti socialiste considère que, finalement, le discours du Bourget, ça ne comptait pas.
Et Jean-Christophe Cambadélis a un argument : la primaire socialiste d’octobre 2011 au cours de laquelle les sympathisants de gauche ont préféré la voie hollandaise à la ligne Aubry :
"Nous avons eu une primaire au Parti socialiste et trois millions d’électeurs ont choisi. Il y avait deux options au deuxième tour : Martine Aubry ou François Hollande. Ils ont choisi François Hollande, non pas sur le discours du Bourget, puisqu’il ne l’avait pas prononcé, mais sur l’idée qu’il fallait être tendanciellement sur l’orientation des 3%. […] Ça, ça été tranché par nos sympathisants, on ne va pas dire notre électorat. À partir de là, ça a fixé un cadre et ce cadre a été celui que l’on a développé.
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De fait, l’objectif des 3% de déficit d’ici 2013 avait été fixé par François Hollande dès 2011. Lors d’un débat avec Martine Aubry, celui qui n’était encore que président du conseil général de Corrèze l’avait assuré : "Le plus difficile c’est la marche vers 2013 puisqu’il va falloir passer d’un déficit à peu près de 4,6 % à 3 % en une seule année. […] Nous verrons où nous en serons en 2013. Il faudrait que nous arrivions à avoir réduit nos déficits à 3%."
De quoi étayer la démonstration de Jean-Christophe Cambadélis qui, sur Mediapart, ajoute :
"À partir du moment où vous fixez comme objectif de réduire les déficits publics, et vous dites que ça va peser sur l’ensemble de l’économie, la logique est là.
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Jean-Luc Mélenchon saute sur l'occasion pour critiquer la politique menée par Hollande président et approuve la démonstration faite par le premier secrétaire du PS. "Il a formellement raison. À partir du moment où Hollande a annoncé qu’il tiendrait dans les clous des 3%, il suffisait de faire une division, ce que j’ai fait à l’époque", déclare le coprésident du Parti de gauche.
Également présente au débat, Emmanuelle Cosse, n’est en revanche pas du même avis. "Les 3%, en effet, c’est dans le programme d’Hollande. Mais il y a d’autres chemins pour y aller", affirme la patronne des Verts.
Début mai, au Grand Rendez-Vous Europe 1-Le Monde-i>Télé, Jean-Christophe Cambadélis avait déjà évoqué le fameux discours prononcé par François Hollande en 2012, évoquant une mésinterprétation des propos du candidat socialiste. "Dans le discours du Bourget, on a mis en exergue la formule sur la finance. On a oublié que, citant Mendès France, le président de la République, qui ne l’était pas à ce moment-là, qui était candidat à l’élection présidentielle, avait indiqué qu’il connaissait les difficultés", avait dit le premier secrétaire du PS.