Vous pensiez en avoir terminé avec les dissensions, les imbroglios et les coups bas de la droite à Paris ? Détrompez-vous. Ce 25 mars s'est joué dans le 12e arrondissement un épisode inédit et particulièrement insolite. Après avoir voulu éjecter de sa liste du 12e arrondissement un éminent membre de la Manif pour tous, l'équipe de NKM s'est heurté à un imbroglio juridique qui la contraint à maintenir le candidat désavoué. Pour quelle raison ? Parce que l'UMP a déposé sa liste avec 45 petites minutes de retard. Le Lab vous raconte tout.
Dans la journée du 25 mars, la décision est prise par l'équipe de NKM: Frank Margain, membre du parti Chrétien-démocrate, proche de Christine Boutin, et membre fervent de la Manif pour tous, est éjecté de la liste du 12e arrondissement, pour faire la place à un centriste, Benoît Pernin. Il figurait en quatrième position de ladite liste, il en sera tout bonnement éliminé.
L'information paraît chez Valeurs actuelles mais n'est pas confirmée, en coulisses, par le camp NKM (vous comprendrez bientôt pourquoi, promis). Dans la foulée, Franck Margain confirme avoir reçu un coup de fil de l'équipe, quarante minutes avant l'heure limite du dépôt des listes en préfecture, l'informant de son éviction. Auprès du Lab, il confie toute sa colère :
J'ai appris que j'étais éjecté des listes à 17h20, par Jérôme Peyrat. On ne m'a même pas demandé mon avis. Nathalie Kosciusko-Morizet m'a appelé ensuite.
J'ai été remercié par l'équipe de NKM. Maintenant qu'ils ont fait le plein à droite au premier tour, ils veulent faire le plein avec le centre-gauche. J'ai été très loyal avec madame NKM. On a beaucoup travaillé ensemble.
Christine Boutin, fâchée tout rouge, déclare la guerre à NKM. Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, auquel appartient Franck Margain, décrit cette décision comme "humiliante" et parle d'une "totale absence de respect des personnes". Dans un communiqué, il appelle ensuite à faire battre la candidate UMP dans le 12e arrondissement :
Le Parti Chrétien Démocrate appelle à faire battre la liste de Madame Montandon dans le 12ème arrondissement de Paris, condamne fermement la manière dont il aura été traité, et appelle à ne pas soutenir les listes de Madame Kosciucko-Morizet dimanche prochain.
En d'autres termes, Nathalie Kosciusko-Morizet est lâchée et même combattue par ceux dont elle s'était attiré les faveurs un peu plus tôt. Pendant que la droite catho hurle, Jérôme Peyrat, conseiller politique de Nathalie Kosciusko-Morizet, assure pourtant au Lab ne pas savoir si Franck Margain sera effectivement éliminé des listes. Et pour cause: deux listes ont été déposées en préfecture.
Sur la première liste de droite dans le 12e, Franck Margain conserve sa place de numéro 4. Sur la seconde liste, Franck Margain est éjecté. Problème: cette dernière a été déposée à 18h45 en préfecture, soit 45 minutes après l'heure limite. Et de nombreuses irrégularités administratives compliqueraient la validation par la préfecture de cette deuxième liste.
Pendant ce temps-là, tout le monde fait bonne figure chez NKM. La candidate se trouve, comme par hasard, dans le 12e arrondissement, pour soutenir Valérie Montandon, la tête de liste. Chacun s'échange des tweets de remerciements et de congratulation. Selon certains à droite, NKM ne serait même pas au courant de ce qui se trame en coulisses.
Sur les coups de 22h30, la décision de la préfecture tombe: la deuxième liste est refusée et c'est la première liste, avec Franck Margain, qui est maintenue. La liste retenue est mise en ligne, et Franck Margain figure bien en quatrième place, comme vous pouvez le voir sur cette image :
Si vous avez bien lu cet article, vous pouvez donc tirer la même conclusion que nous: l'UMP se retrouve, dans le 12e arrondissement, avec un colistier, Franck Margain, ayant appelé à voter contre sa propre liste. Et dont elle ne voulait plus elle-même.