Comme toujours avec Godard, on ne sait pas bien s'il s'agit là de provocation ou de premier degré total. Quoiqu'il en soit, le cinéaste suisse assure dans le Monde qu'il aimerait voir Marine Le Pen nommée à Matignon par François Hollande, et qu'il souhaitait la victoire du FN lors des dernières élections.
Voilà ce qu'il déclare au Monde :
"J'ai mon opinion... J'espérais que le Front national arriverait en tête. Je trouve que Hollande devrait nommer -je l'avais dit à France Inter, mais ils l'ont supprimé- Marine Le Pen premier ministre.
"
Sur l'attaque contre France Inter, les propos de Jean-Luc Godard sont assez faciles à infirmer : s'ils ne figurent effectivement pas dans la version courte de l'interview diffusée le 21 mai 2014 dans la matinale de Patrick Cohen (10 minutes), les mots qu'il tient sur Marine Le Pen sont disponibles dans la version longue (82 minutes) diffusée sur le site internet de la radio.
Interrogé sur les raisons de son choix "pro-Marine Le Pen", Jean-Luc Godard développe encore :
"Pour que ça bouge un peu. Pour qu'on fasse semblant de bouger, si on ne bouge pas vraiment. Ce qui est mieux que de faire semblant de ne rien faire [rires].
Du reste, on oublie toujours que le Front national avait deux sièges au Conseil national de la Résistance. A l'époque, c'était une organisation paracommuniste. N'empêche qu'elle s'appelait Front national.
"
Sauf que le Front national de l'époque n'avait rien à voir avec le Front national d'aujourd'hui, créé par Jean-Marie Le Pen en 1972.
Le réalisateur d'A bout de souffle ou du Mépris se classe du côté des peuples européens qui ont placé des partis d'extrême-droite en bonne place dans les urnes. Il se défend de voter pour le Front national, mais aspire à son succès :
"Ça traduit mon cas. Je ne suis pas pour eux. Il y a longtemps, Jean-Marie Le Pen avait demandé que je sois viré de France. Mais j'ai juste envie que ça bouge un peu... Les grands vainqueurs, ce sont les abstentionnistes. J'en fais partie depuis longtemps.
"
En mai dernier, Jean-Luc Godard avait affirmé à peu près la même idée à France Inter , de façon beaucoup moins claire :
"Beaucoup de peuples perdent leurs caractéristiques, des langues disparaissent… Si c’est ce qu’on veut, il n’y a pas besoin de faire semblant. Autant mettre Marine Le Pen à la présidence de la République. On regarde pendant cinq ans ce qui se passe et puis après on la vire.
"