Accusé de comptes de campagne frauduleux, le maire FN d'Hayange rattrapé par un enregistrement

Publié à 15h46, le 03 septembre 2014 , Modifié à 15h54, le 03 septembre 2014

Accusé de comptes de campagne frauduleux, le maire FN d'Hayange rattrapé par un enregistrement
Fabien Engelmann © PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/MAXPPP

Fabien Engelmann est dans la tourmente. Le maire FN d'Hayange est accusé de comptes de campagne frauduleux. La présidente du Front national, Marine Le Pen, a déjà apporté son soutien au premier édile, parlant d'une "affaire de Clochemerle". Sauf que plusieurs éléments vont dans le sens des accusations portées contre le frontiste.

Sur Canal+ le 1er septembre, Marie Da Silva, ex-première adjointe d'Hayange, assure qu'elle a payé de sa poche des coûts d'impression de tracts. Cette pratique est interdite : seul le mandataire financier est habilité à engager des dépenses de campagne. "La livraison devait se faire sous 48 heures. Mon mandataire travaille beaucoup, il n’est pas toujours joignable. Marie Da Silva (sa première adjointe, ndlr) a donc versé une caution", a reconnu auprès de Mediapart Fabien Engelmann, mardi 2 septembre.

Sauf que, selon l'enregistrement d'une conversation téléphonique entre Fabien Engelmann et Marie Da Silva, ce n'est pas parce que le mandataire financier n'était pas joignable que Marie Da Silva a dû payer l'impression des tracts. Voici ce que le premier édile affirme selon le verbatim de la conversation publié par Mediapart :

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Pourquoi on avait dû lui faire un mandat-cash au début, c’était parce qu’il avait pas assez d’argent sur son compte, et on devait absolument lancer l’impression de ces tracts.

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Marie Da Silva a donc réglé l'impression de deux tracts. Le paiement a été effectué par mandats-comptes à l'ordre de l'association Terre de Fer spécialisé dans le graphisme, précise Mediapart. La première adjointe d'Hayange a ensuite été remboursée par un chèque de l'association, chèque qui a été encaissé le 9 mai par sa belle-fille.

Une manœuvre que Fabien Engelmann évoque lui-même dans la conversation enregistrée avec Marie Da Silva. Il dit :

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Bah, Terre de fer nous a rendu un chèque de 1.500 euros, tu as souvenir ? Après je te l’avais donné et je t’avais dit 'après tu l’encaisses par qui tu veux'. Donc c’était soit toi qui devais l’encaisser, ou si c’était ta belle-fille, tu te rappelles, on voulait pas que ce soit toi ni moi, t’as souvenir de ça ? […]



Quelqu’un a encaissé ce chèque, c’est pas moi qui l’a encaissé ! Donc ce chèque-là, je te l’avais remis, et tu l’as fait encaisser par je ne sais pas qui et tu as récupéré l’argent, c’était convenu comme ça Marie.

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L'affaire est loin d'être close puisque le dossier de Fabien Engelmann est désormais entre les mains la Commission nationale des comptes de campagne et du financement politique. Le frontiste encourt jusqu'à trois ans d'inéligibilité - et accessoirement un rejet de ses comptes de campagne.

Mais le sujet pourrait déborder de la Lorraine et toucher le FN au niveau national. Toujours selon Mediapart, Steeve Briois a été prévenu de la situation dès le 14 août. Le secrétaire général du FN a demandé à Marie Da Silva de lui transmettre les documents à l'appui de ses accusations. Le maire d'Hénin-Beaumont attendait que Marine Le Pen rentre de vacances pour "faire le point avec elle" sur le sujet.

Mercredi 3 septembre, sur France Bleu, Fabien Engelmann est revenu sur les accusations dont il est la cible :

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On dirait que j'ai assassiné des enfants, non mais attendez. […] On veut me détruire, on me pourchasse et on pourchasse toute l'équipe également et, au bout d'un moment, il faut dire 'stop'.

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Fin août, le maire d'Hayange avait décidé de retirer à Marie Da Silva ses délégations de première adjointe. Le maire FN estimait qu'il était "impossible" de travailler avec elle. Dans Le Républicain Lorrain, Marie Da Silva dénonçait pour sa part "les dérives autocratiques" de Fabien Engelmann. 

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