BIS REPETITA - Robert Ménard fait des émules. Le frontiste Julien Sanchez vient d’annoncer qu’il rebaptiserait lui aussi la rue du 19-mars-1962 dans sa ville de Beaucaire, comme le rapporte le site de La Provence. À l’instar du maire de Béziers (Hérault), l’édile de la commune gardoise voit d’un mauvais œil cette date, jour-anniversaire du cessez-le-feu marquant les Accords d’ Evian et la fin de la guerre d’Algérie.
Contacté par le Lab ce jeudi après-midi, Julien Sanchez confirme que la rue sera renommée "dans les deux prochains mois". Le jeune maire Front national l’a annoncé cinquante-trois ans tout pile après la fameuse date, à l’occasion de la journée d’hommage aux "victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie" (instituée par une loi PS fin 2012).
S’il a participé à la cérémonie de commémoration du jour, (sans pour autant mettre les drapeaux en berne, contrairement à Robert Ménard pour le coup) Julien Sanchez n’en conteste pas moins la légitimité historique. Il s’en explique ainsi auprès du Lab :
"Je l’avais déjà annoncé avant d’être élu maire. Je n’ai pas voulu faire de la polémique, pour moi c’est cette date qui est polémique. Il faut se rappeler qu’après les accords d’Evian, des milliers de pieds noirs et de harkis ont été massacrés. La provocation, c’est ce nom de rue qui peut meurtrir les descendants des victimes, nombreux dans la région, quand ils passent devant.
"
Parmi les associations de rapatriés, au sein des organisations d’anciens combattants et dans la mouvance d’extrême-droite, beaucoup sont hostiles au choix du 19 mars 1962 comme date de commémoration, au prétexte que des combats et des exactions se seraient poursuivis malgré les accords franco-algériens.
Julien Sanchez, lui-même issu d’une famille de pieds noirs, a donc décidé d’attribuer à la rue rebaptisée le nom d’un résident de sa ville tombé pendant la guerre d’Algérie. "Ça pourrait être le nom d’un des trois Beaucairois qui figurent sur notre monument aux morts, mais il faut encore en discuter avec les familles", explique-t-il.
La décision de Robert Ménard de remplacer vendredi 13 mars la rue du 19-mars-1962 de Béziers par le nom d’Hélie Denoix de Saint-Marc, résistant puis officier impliqué dans le putsch d'Algers en 1961, a déclenché une bourrasque de critiques à gauche et au sein de la majorité. Une "atteinte à la République", a tonné Stéphane Le Foll, porte-parole de l’exécutif. "C’est rance, c’est triste", a condamné Manuel Valls à l'adresse du maire soutenu par le Front national.
Une réprobation qui laisse manifestement insensible le premier magistrat de Beaucaire. Lequel préfère retourner les accusations à l’envoyeur :
"Le gouvernement ferait mieux d’être un peu plus exigeant avec monsieur Bouteflika (le président algérien, NDLR), qui vient se faire soigner en France tout en déversant sa haine sur les pieds noirs et les harkis.
"