Apaisé, serein, au-dessus du lot ? Nicolas Sarkozy n'en a pour autant pas perdu son intérêt pour ses chiffres d'audiences. L'ancien président, qui s'est déclaré candidat à la présidence de sa "famille politique" sur Facebook , a tranquillement observé le compteur de "likes" monter, et n'hésite pas à s'en féliciter auprès du journaliste du JDD Bruno Jeudy ce 21 septembre .
A plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy se félicite des chiffres atteints par son post. Quitte à commettre quelques maladresses dans l'interprétation de ces chiffres.
Lui qui, en avril dernier, se félicitait d'avoir récolté "deux millions de j'aime" sur Facebook lors de la publication de sa tribune, a visiblement compris que "liker n'est pas reacher", comme nous vous l'expliquions alors . Dans le JDD, Nicolas Sarkozy emploie le verbe "lire" et non pas "aimer" :
"Déjà deux millions et demi d'internautes ont lu mon message.
"
Selon toute vraisemblance, Nicolas Sarkozy se fie là au nombre de personnes "atteintes" ("reached" en anglais), soit celles qui ont vu passer le message dans leur fil Facebook. Mais rien n'indique que celles-ci ont lu le message, et encore moins en entier.
Les seuls chiffres fiables sur ce post sont ceux du nombre de "likes" et de partages: 95 000 mentions "j'aime" (soit un peu plus que la moyenne de ses autres posts), et plus de 20 000 partages.
Nicolas Sarkozy poursuit sur la révélation de ses performances, et révèle alors des données étonnamment précises, comme le succès de ce post outre-Atlantique :
"Cette nuit, on a vu 300 000 Français d'Amérique le consulter et j'ai gagné 35 000 nouveaux amis en moins d'une journée.
C'est bouleversant de voir tous ces gens qui reprennent confiance.
"
Question: comment Nicolas Sarkozy dispose-t-il de données comme celle de la localisation des lectures ? Facebook lui fournit-il ces chiffres ?
Ce n'est pas tout. Si Nicolas Sarkozy, community manager de lui-même, se félicite et compare le nombre de ses "fans" (qu'il appelle "amis", ce qui est techniquement faux car c'est une page communautaire et non un compte privé) à ceux de ses adversaires, il n'en commet pas moins une maladresse en comparant des audiences télévisées à des audiences sur Facebook :
"Mon audience sur Facebook fait le double de celle de la conférence de presse de Hollande et en une seule journée j'ai gagné plus de nouveaux amis que le total de ceux de Juppé et Fillon réunis.
"
Au-delà du fait qu'il est compliqué de comparer une performance audiovisuelle et celle d'un post sur un réseau social, Nicolas Sarkozy est au mieux imprécis, au pire malhonnête. Selon les compteurs de Mediamétrie , 2,2 millions de personnes ont regardé la conférence de presse de François Hollande, soit un tout petit peu moins que le nombre de personnes "atteintes" par son post Facebook, comme il l'explique lui-même dans l'interview.
Hypothèse avancée par le Lab: Nicolas Sarkozy se plante sur l'audience de son successeur à la présidence de la République en n'évoquant que l'audience faite sur France 2 jeudi dernier: 1,4 millions de téléspectateurs. Sauf que 800 000 autres personnes étaient alors branchées... sur les chaînes d'info.