Les politiques réagissent à la mort d'un jeune homme opposé au projet de barrage à Sivens

Publié à 21h58, le 27 octobre 2014 , Modifié à 22h08, le 27 octobre 2014

Les politiques réagissent à la mort d'un jeune homme opposé au projet de barrage à Sivens
© Reuters - Montage Le Lab

Les causes exactes de la mort d'un jeune homme de 21 ans, manifestant opposé au projet de barrage controversé de Sivens (Tarn), ne sont pas encore connues. Le procureur d'Albi, Claude Dérens, a indiqué lundi 27 novembre que Rémi Fraisse, décédé dimanche sur le site du barrage, avait été victime d'"une explosion".

"La déflagration a été forte puisque le jeune homme a été projeté au sol de façon violente" et, "selon le médecin légiste, la mort a été instantanée", a détaillé le procureur, sans pour autant préciser si sa mort avait pu être causée par une grenade lancée par les forces de l'ordre. Des analyses, dont les résultats pourraient être connus mardi, doivent désormais établir si tel est le cas.

Mais certains responsables politiques de différents bords n'ont pas attendu ces précisions pour commenter le décès du jeune homme, dont les organisateurs de la manifestation affirmaient dès dimanche qu'il était intervenu "dans le contexte" d'affrontements avec les forces de l'ordre, survenus dans la soirée de samedi.

L'ancien ministre de Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac Dominique Bussereau et le député UMP Éric Ciotti ont ainsi dénoncé, lundi sur Twitter, "l'ambiguïté du PS" et les "groupes d'extrême-gauche qui sèment le chaos" ou encore les "casseurs-voyous"

Dominique Bussereau fait également le parallèle avec Notre-Dame-des-Landes, où de nombreux affrontements ont eu lieu entre les forces de l'ordre et les manifestants opposés au projet d'aéroport, lui aussi très contesté. 

À l'inverse, l'eurodéputé écologiste José Bové et l'ancien co-président du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon ont manifesté leur émotion face à la mort "inacceptable" du jeune homme. L'ancienne ministre du Logement, Cécile Duflot, a demandé "l'arrêt immédiat des travaux" mais aussi "la mise en place d'une enquête claire et précise sur les agissements des force de l'ordre". Cécile Duflot veut notamment que le gouvernement fasse "toute la lumière sur l'action des forces de l'ordre" :

Un devoir de transparence et de vérité s'impose aujourd'hui au gouvernement afin de faire toute la lumière sur l'action des forces de l'ordre. [...] Dès maintenant, nous constatons que l'ordre public n'a pas été garanti afin de permettre l'expression de ce mouvement. 

Cécile Duflot "regrette les incidents perpétrés par quelques manifestants, venus avec la seule volonté d'un affrontement avec les forces de l'ordre. Mais aucun de ces débordements ne peut servir d'excuse à ignorer la gravité de la mort de Rémi Fraisse […] et ne doit permettre de jeter l'opprobre sur un mouvement pacifique de mobilisation pour l'intérêt général."

Ancienne ministre également, la socialiste Delphine Batho a regretté l'absence de parole officielle à la suite de ce drame, demandant elle aussi l'arrêt du projet et que "la lumière soit faite" :

Je condamne le comportement violent d'un certain nombre de groupes qui cherchent l'affrontement. [...] Pour l'instant, il n'y a pas eu d'expression solennelle par rapport à la disparition d'un jeune homme de 21 ans. [Une intervention du Premier ministre] ou du président de la République, de la ministre de l'Écologie ou du ministre de l'Intérieur : peu importe, mais il est important que cette parole vienne, que cette émotion soit partagée, que les garanties soient données sur la transparence de l'enquête.

De son côté, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a tenu une position plus nuancée, ne voulant "pointer du doigt" ni certains manifestants violents ni les forces de l'ordre :

Il faut arriver à déterminer dans quelles conditions cela s'est passé. De l'autre côté, il y a la nécessité, très certainement, à continuer à discuter, à convaincre. Mais il y a des projets qu'on ne peut pas arrêter simplement parce qu'il y a une manifestation.

La famille de Rémi Fraisse a fait connaître, par le biais de ses avocats lundi, son intention de déposer plainte pour homicide volontaire. Une plainte qui doit "permettre à un juge d'instruction indépendant de faire toute la lumière sur les circonstances du décès", selon l'un de ces avocats.

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