CA RESTE ENTRE NOUS, HEIN ? – Manuel Valls adore le off. Durant la dernière campagne présidentielle, celui qui gérait la communication du candidat François Hollande aimait bien retrouver certains journalistes dans le wagon-buvette d'un TGV – ou ailleurs, hein - histoire d'échanger ses impressions ou de commenter la dernière déclaration de tel ou tel adversaire.
Aujourd'hui à Matignon, Manuel Valls aime toujours autant le off, comme de nombreux politiques de tous bords. Mais si les reporters français appliquent les règles, nos confrères étrangers les méconnaissent un peu. Ce qui peut irriter le Premier ministre.
C'est un épisode que rapporte ce dimanche 28 décembre le journal québécois La Presse. Un journaliste du quotidien, Vincent Brouseau-Pouliot, a assisté à l'un des discours de Manuel Valls avant les européennes. De ce discours, il a appris au moins une chose : le Premier ministre français n'aime pas trop être apostrophé comme ça par un journaliste qu'il ne connait pas.
Après avoir demandé quelques minutes d'entretien avec Manuel Valls à l'attachée de presse du Premier ministre, le journaliste se fait gentiment rembarrer par l'intéressé.
- Le journaliste : Monsieur le Premier ministre, une petite question pour les médias du Canada…
- Manuel Valls : Non.
- Le journaliste : Dommage, on aurait aimé vous entendre sur l’importance de ces élections…
- Manuel Valls : Vous n’aviez qu’à écouter mon discours.
Quelques instants plus tard, le journaliste québécois retente sa chance. Il profite d'un off de Manuel Valls avec quelques autres reporters pour aborder à nouveau le Premier ministre et sort son enregistreur. Aïe aïe aïe ! Grosse erreur que Manuel Valls, un brin agacé selon le journaliste de La Presse, fait immédiatement remarquer à sa responsable médias :
Le Québécois m’enregistre !
Car oui, même en off, il y a au moins une règle, informelle évidemment : pas d'enregistreur, ni de caméra. Les propos prononcés sont off the record et n'émanent pas du responsable politique mais "de l'entourage de X" ou toute autre expression.
Ce jour-là, le Premier ministre aura pu se rassurer en constatant, comme des journalistes réunis à ce moment précis, qu'il n'avait rien dit de bien révolutionnaire. Reste un étonnement : celui du journaliste québécois face à cette illustration des relations entre politiques et médias français.