De l'importance d'être constant. Alain Juppé n'est pas le seul à avoir un peu revu sa position concernant le front républicain au fil du temps. François Fillon aussi. Là aussi où l'ancien "collaborateur" de Nicolas Sarkozy se démarque, c'est dans la rapidité de son évolution.
Ce mardi 3 février, le député de Paris s'est exprimé lors de la réunion du groupe UMP. L'ex-Premier ministre a livré ses "convictions" concernant la législative partielle dans le Doubs et le choix de l'UMP concernant une éventuelle consigne de vote pour le second tour. Il a dit :
"Je combats le FN parce que c'est notre adversaire, parce que c'est l'adversaire de la France. […] Aucune voix ne doit aller à un parti qui prône un nationalisme dangereux, qui veut faire éclater l’unité européenne et dont le programme économique s’apparente à celui de l’extrême gauche. […] Peut-on pour autant appeler à voter dans le Doubs pour le candidat socialiste ? Non !
"
On est donc en plein "ni ni" même si François Fillon, qui demande à l'UMP d'être "le parti du redressement, le parti de la rupture", appelle de ses vœux "clarté et courage".
Pourtant, François Fillon a été beaucoup plus clair dans ses prises de position concernant le FN.
Fillon 2011: "voter contre le FN"
Fillon 2013: "voter pour le moins sectaire"
Fillon 2015: "impossible de voter pour le PS"
#droitisation
— Geoffroy Clavel (@GeoClavel) 3 Février 2015
#Étape 1 : en 2011, il faut voter PS
En mars 2011, celui qui est alors Premier ministre explique aux députés UMP que "tout conduit à voter contre le Front national au second tour des cantonales", avait noté Le Monde. François Fillon ajoute :
"En cas de duels PS-FN, il faut voter contre le FN.
"
#Étape 2 : en 2012, il ne faut ni voter FN, ni PS
En avril 2012, en pleine campagne présidentielle, le Premier ministre évoque les législatives. Et donc l'éventualité d'un duel FN / PS. Sur le plateau du Grand Journal, comme l'avait relayé L'Express, François Fillon fait sienne la théorie du "ni ni".
Après avoir expliqué que les forces politiques auxquelles il appartient n'ont "jamais ô grand jamais" frayé "avec le Front national", François Fillon dit :
"Je n'ai pas envie non plus de voter pour le PS parce que je suis en train de les combattre.
"
#Étape 3 : en 2013; il faut voter pour le moins sectaire
Désormais dans l'opposition, François Fillon change encore de position concernant le vote en cas de duel PS/FN. Cela concerne cette fois les futures municipales de 2014. Invité du Grand rendez-vous Europe 1/Le Monde/i>TÉLÉ, le député lance :
"Aux municipales, je conseille de voter pour le moins sectaire. […] Cela peut arriver, je ne dis pas que c’est toujours le cas, mais ça peut arriver [qu'un socialiste soit plus sectaire qu'un FN, ndlr].
"
Une prise de position qui n'avait pas manqué de faire réagir . Celui qui était encore pour quelques mois premier secrétaire du PS, Harlem Désir, avait dénoncé une position "inacceptable" et "indigne" d'un ancien Premier ministre. "S’il y a un réel danger de victoire du FN, je ne mets cependant pas l’extrême droite et le PS sur le même plan", avait quant à lui tempéré Alain Juppé, vantant le "ni ni".
#Étape 4 : en 2015, retour au "ni ni"
Ce mardi 3 février, François Fillon retrouve donc la position qui était la sienne en 2012 : ni FN, ni PS. L'ancien Premier ministre ne précise cependant pas s'il appelle à l'abstention, ou au vote blanc.