HIBERNATUS - Soit Patrick Ollier fait *beaucoup* moins que son âge. Soit le député UMP des Hauts-de-Seine se trompe lorsqu’il revendique la paternité de l’expression "patriotisme économique", comme le rapporte lundi 28 avril sur LCP le porte-parole du PS Olivier Faure, en référence au possible rachat d’Alstom :
"Dans le couloir, Patrick Ollier me disait qu’il était l’inventeur de l’expression patriotisme économique. Eh bien on y est !
"
Également invité de LCP, Patrick Ollier ne dément pas cette confidence donnée hors antenne. Mieux : il la situe historiquement :
"Le contexte du patriotisme économique à l’époque c’était Danone et Pepsi-Cola. Je ne sais pas si vous vous en souvenez.
"
On s’en souvient : c’était il y a 9 ans et, à l’époque, le géant américain avait souhaité racheter Danone. Sans succès.
Sauf que l’expression "patriotisme économique" est un peu plus vieille que cela, comme le rappelait Les Échos en 2011. Déjà en 2003, le député UMP du Tarn Bernard Carayon, dans son rapport Intelligence économique, compétitivité et cohésion social, remis au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, utilisait cette expression. Voici un extrait du rapport de Bernard Carayon :
En 2005, lors de "l’affaire Danone / Pespico", le Premier ministre Dominique de Villepin avait lui aussi usé de cette expression, souhaitant une plus forte protection des entreprises françaises contre "les actions hostiles".
Mais la véritable paternité de l’expression revient au journaliste et écrivain Alphonse Allais qui, dans une lettre au poète nationaliste Paul Déroulède, parle pour la première fois de "patriotisme économique". Cette lettre, extraite de Deux et deux font cinq, a été publiée en... 1885. Bien longtemps avant que Pepsico ne souhaite acheter Danone. Bien avant que Patrick Ollier ne vante cette mesure.