Plusieurs responsables politiques appellent François Hollande à instaurer l'état d'urgence

Publié à 16h57, le 09 janvier 2015 , Modifié à 17h48, le 09 janvier 2015

Plusieurs responsables politiques appellent François Hollande à instaurer l'état d'urgence
Olivier Faure, le 28 avril 2014 © PIERRE ANDRIEU / AFP

Après l'attentat perpétré contre Charlie Hebdo mercredi 7 janvier, deux prises d'otages ont eu lieu en France, vendredi 9 janvier : la première dans une entreprise de Dammartin-en-Goële (Seine-en-Marne), menée par les deux frères Kouachi, auteurs présumés de l'attaque contre l'hebdomadaire ; la seconde dans un magasin casher du quartier de la porte de Vincennes à Paris, dans laquelle était impliqué Amedy Coulibaly, l'auteur présumé de la tuerie de Montrouge, survenue jeudi.

[Edit 17h45] Les auteurs présumés de l'attentat contre Charlie Hebdo ont été tués et l'otage a été libéré indemne dans un assaut lancé peu avant 17h par le GIGN vendredi après-midi à Dammartin-en-Goële, a-t-on appris de sources proches du dossier. Porte de Vincennes, l'assaut a également été lancé ; un preneur d'otages a été "neutralisé" mais l'opération se poursuivait peu après 17H30, selon une source proche de l'enquête pour retrouver un éventuel deuxième suspect. Amedy Coulibaly est mort, selon une source policière. Au moins un policier a été blessé, selon une source proche du dossier. Plusieurs otages sont sortis peu après et ont été pris en charge.

C'est dans ce contexte d'extrême tension dans le pays que plusieurs responsables politiques avaient appelé François Hollande à instaurer l'état d'urgence, mesure exceptionnelle qui permet d'instaurer des couvre-feu sur tout ou partie du territoire ou encore d'y restreindre la circulation des personnes (voir en fin d'article). 

Contacté par Le Lab , le député socialiste et porte-parole du PS Olivier Faure affirmait en effet que l'état d'urgence "se justifie pleinement vu la situation que nous connaissons" :

Ils poussent [les terroristes islamistes, ndlr] ! Le péril imminent est désormais évident. Le lien entre plusieurs actions terroristes menées de front justifie totalement l'application de l'état d'urgence.

Le premier à l'avoir proposé ce vendredi est Nicolas Dupont-Aignan. À la sortie de son entretien avec le chef de l'État dans la matinée, le président de Debout la France a indiqué qu'il lui avait soumis l'idée : "Je pense que, selon la célèbre expression de Charles Pasqua, il est temps de terroriser les terroristes", a fait valoir le maire de Yerres (Essonne) sur le perron de l'Élysée, alors que la prise d'otages porte de Vincennes n'avait pas encore commencé.

"La seule façon d'honorer la mémoire des victimes de ce massacre est de tout faire pour qu'il n'y ait pas un autre Charlie", a-t-il enchaîné, appelant à "changer de braquet" pour "mettre en sécurité les Français avec des mesures énergiques". Selon Nicolas Dupont-Aignan, François Hollande a répondu à sa proposition en expliquant qu'il avait demandé au gouvernement "d'étudier toute la panoplie des mesures" disponibles. L'ancien candidat à la présidentielle a également déclaré à l'AFP qu'il fallait "suspendre Schengen pour boucler le territoire, et pendant deux mois, on revoit les lois".

Nicoals Dupont-Aignan a ensuite réitéré sa demande lors du Talk Orange-Le Figaro.

Peu après 15 heures, le député UDI Arnaud Richard a quant à lui pris position sur ses comptes Facebook et Twitter, faisant référence aux émeutes dans les banlieues de 2005 lors desquelles l'état d'urgence avait été instauré dans 25 départements :

#ÉtatUrgence En 2005, le Président Chirac a pris ses responsabilités face aux événements très graves à l'époque. Je pense que le Président Hollande doit faire de même aujourd'hui. Lorsque l'intégrité du territoire est menacée d'une manière grave et immédiate, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel.

Sur Europe 1 aux alentours de 15h30, Bernard Kouchner était interrogé sur la nécessité de "se réarmer" face à la menace terroriste. "C'est difficile de prétendre le contraire mais ce n'est pas le moment", a d'abord estimé l'ancien (et multiple) ministre. Avant d'ajouter, sans pour autant formellement demander l'instauration de l'état d'urgence :

Ce qui est sûr, c'est qu'on n'aura jamais assez de moyens, surtout en période de crise économique. Nous sommes en état d'urgence et nous sommes, pardonnez-moi l'expression en état de guerre. C'est pas parce que les adversaires sont en nombre réduit que la population ne doit pas réagir unanimement. [...] Les gens qui sont morts sont morts pour la France.

"L'état d'urgence peut être déclaré sur tout ou partie du territoire [...] soit en cas de péril imminent résultant d'atteintes graves à l'ordre public, soit en cas d'événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique", prévoit la loi française

Selon l'article 5 de la loi du 3 avril 1955 (modifiée depuis), "la déclaration de l'état d'urgence donne pouvoir au préfet dont le département se trouve en tout ou partie compris dans une circonscription [concernée par l'état d'urgence]" :

D'interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et aux heures fixés par arrêté ;



2° D'instituer, par arrêté, des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé ;



D'interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics.

Cette mesure est décidée par décret en Conseil des ministres. "Ce décret détermine la ou les circonscriptions territoriales à l'intérieur desquelles il entre en vigueur. Dans la limite de ces circonscriptions, les zones où l'état d'urgence recevra application seront fixées par décret. La prorogation de l'état d'urgence au-delà de douze jours ne peut être autorisée que par la loi", ce qui implique un vote du Parlement, prévoit encore la législation française.

Du rab sur le Lab

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