Pour Jean-Marie Le Pen, le jeune Albanais élu meilleur apprenti de France a été "choisi parce qu'il était un clandestin"

Publié à 12h44, le 06 mars 2015 , Modifié à 14h38, le 06 mars 2015

Pour Jean-Marie Le Pen, le jeune Albanais élu meilleur apprenti de France a été "choisi parce qu'il était un clandestin"
Jean-Marie Le Pen © Capture d'écran via le blog de Jean-Marie Le Pen

APPRENTI DE SOUCHE - Finalement, Armando Curri aura bien été honoré au Sénat. Ce jeune Albanais de 19 ans sans papiers a reçu sa médaille de meilleur apprenti menuisier de France, au Palais Bourbon mercredi 4 mars. Dans un premier temps, le cabinet de Gérard Larcher, président UMP du Sénat, avait refusé de le recevoir en raison de sa "situation irrégulière". 

Le jeune homme était frappé d'une Obligation de quitter le territoire français depuis le mois d'octobre. Cette OQTF avait été abrogée mardi soir par le préfet de la Loire, où il réside. Il s'est donc vu délivrer une autorisation provisoire de séjour de trois mois, un délai qui doit lui permettre de poursuivre ses démarches pour régulariser sa situation.

Et vendredi 6 mars, Jean-Marie Le Pen fait connaître son avis sur la question. Dans son journal de bord hebdomadaire, le président d'honneur du Front national juge "aberrant" le fait de décorer de la sorte un jeune immigré sans papiers. Le président d'honneur du parti d'extrême droite estime même que c'est sa situation de "clandestin" qui a motivé le choix de le désigner meilleur apprenti, et non ses qualités professionnelles. 

Jean-Marie Le Pen explique :

 

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Ça me paraît aberrant. Je ne suis pas absolument sûr qu'il n'a pas été choisi... Il a été choisi moins pour ses qualités technologiques de charpentier ou de menuisier que parce qu'il était un clandestin. Ceci, de la part d'une certaine catégorie d'enseignants, étant de nature à braver les sentiments de beaucoup de Français, qui considèrent que la législation, et la législation sociale en général, serait mieux fondée à s'occuper des Français qu'à s'occuper des gens qui viennent au nom de l'asile ou à travers les frontières de façon illégale, ou même dans les torrents migratoires de façon légale.

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Finalement, donc, aux yeux de Jean-Marie Le Pen, même une personne étant arrivée en France par le biais des "torrents migratoires de façon légale" n'aurait pas forcément mérité cette distinction autant qu'un Français, un vrai. Tout cela n'ayant pas concrètement de lien avec la "législation sociale", soit dit en passant.

Organisé par l'Association des Meilleurs Ouvriers de France (reconnue d'utilité publique), ce concours fait l'objet d'un processus de sélection en différentes étapes, comme l'explique l'association sur son site :

 

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À chaque échelon d’évaluations départementales, régionales, nationales, les jurys délivrent des Médailles : Or (moyenne obtenue 18/20), Argent (16/20), Bronze (14/20). Seules les Médailles d’Or régionales peuvent concourir pour l’épreuve d’évaluation nationale. Chaque année près de 500 œuvres finalistes au niveau national, sont réunies en un même lieu pour être analysées, comparées et jugée par le jury.

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Jusqu'à plus ample informé, l'origine des candidats ne fait pas partie des critères d'excellence pour ce concours.

Candidat et tête de liste pour les régionales de décembre en PACA, Jean-Marie Le Pen embraye ensuite sur une dénonciation du "problème de l'immigration massive". Un phénomène sous lequel la France sera "submergée dans quelques années", estime-t-il, à moins que "le FN n'arrive au pouvoir pour faire une politique radicalement différente". 

Armando Curri est arrivé en France il y a trois ans et bénéficiait du statut de mineur isolé jusqu'à sa majorité. Il est actuellement inscrit en bac pro dans un lycée de l'agglomération roannaise (Loire), après avoir obtenu un CAP de menuiserie à Saint-Étienne. 

Après le début de polémique autour du refus de Gérard Larcher de recevoir le jeune homme sous les ors de la République, le président du Sénat a revu sa position, du fait de la délivrance d'une autorisation provisoire de séjour. "J'ai regardé le dossier en équité", a déclaré le sénateur des Yvelines. "J'ai décidé de l'accueillir dès lors que j'ai appris que sa situation est provisoirement régularisée."

Il avait notamment été alerté par plusieurs sénatrices et sénateurs de la Loire : Cécile Cukierman (groupe Communiste, républicain et citoyen, CRC), Maurice Vincent (PS) et Jean-Claude Frécon (PS) qui sont aussi intervenus au niveau du préfet. Leurs arguments n'ont visiblement pas obtenu le même écho auprès de Jean-Marie Le Pen.

338 médailles d'or étaient remises au Sénat mercredi aux lauréats des différentes catégories du concours des meilleurs apprentis de France.

[BONUS TRACK] "Partisan" de la "fessée à cul nul", "la seule qui soit efficace"

Jean-Marie Le Pen a également pris partie dans un débat qui agite à nouveau la France, ces derniers jours : l'interdiction de la fessée. Et pour le président d'honneur du FN, les choses sont très claires : la fessée, c'est oui, surtout si elle se pratique "à cul nu". Toujours dans son journal de bord, il dit :

 

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Je suis partisan de la fessée et même de la fessée à cul nu, qui me paraît être la seule qui soit un peu efficace. Je crois qu'il n'y a pas de loi sans sanction. L'enfant est un être en voie de formation, il faut qu'il distingue assez rapidement le bien du mal et quelques fois, la correction physique modérée peut être de nature à le remettre dans le droit chemin.

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Pour appuyer son propos, Le Pen livre une anecdote croustillante au sujet du petit Jean-Marie qu'il fut voilà des décennies. À titre personnel, il juge que l'utilisation par sa mère du martinet à son encontre a contribué à "[le] remettre dans le droit chemin", malgré une évidente mauvaise volonté de sa part :

 

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Quand j'étais petit garçon, on utilisait le martinet, ça fait très mal. Et d'ailleurs, il y avait une espèce de challenge entre ma mère et moi : moi je coupais les queues du chat à neuf queues et elle en rachetait d'autres en magasin. Elle me disait : 'Tu peux toujours les couper, j'en rachèterai'. Les rares fois où j'ai été l'objet de sanctions physiques, cela correspondait à des manquements graves et ça a contribué, je crois, à me remettre dans le droit chemin. Il vaut mieux une bonne fessée à 8 ans ou 7 ans que cinq ans de prison quand on en a 25.

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Du rab sur le Lab

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