NO COMMENT - Elle est la première membre du gouvernement à s'exprimer sur l'affaire de la mort d'Adama Traoré. Mais si Emmanuelle Cosse en parle, c'est pour demander à tout un chacun de respecter le temps de l'enquête, justifiant ainsi le silence de l'exécutif.
La famille du jeune homme de 24 ans, habitant de Beaumont-sur-Oise, réclame la "vérité" alors que les circonstances de son décès survenu le 19 juillet, lors de son interpellation par les gendarmes, n’ont pas été élucidées. La communication parcellaire du procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, est également pointée du doigt (voir ici et ici). Deux autopsies ont été réalisées sur le corps d'Adama Traoré, excluant que ce dernier ait subi des violences mais confirmant sa mort par asphyxie. Reste à savoir ce qui, de la possible pathologie cardiaque du jeune homme ou du poids des gendarmes sur son corps durant l'arrestation (ou de la conjonction de ces deux éléments), a causé ce manque d'oxygène. Une troisième autopsie, demandée par la famille, a été refusée mais les résultats de nouvelles analyses (bactériologie, toxicologie, anatomopathologie) sont attendus courant août.
C'est précisément cette incertitude persistante que met en avant la ministre du Logement sur iTélé, mardi 2 août. Alors qu'on lui demandait si le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le Premier ministre Manuel Valls devaient s'exprimer sur ce sujet, Emmanuelle Cosse a expliqué que le moment n'était pas encore venu, invitant à la prudence :
"Je pense qu'il faut faire attention avec ce type de questions parce qu'aujourd'hui, il y a une enquête. Et je pense que si un ministre intervenait pendant cette enquête [...], on pourrait aussi laisser entendre que le pouvoir politique se mêle d'une enquête. Je pense qu'aujourd'hui, ce qui est important, c'est que le parquet enquête, fasse toute la transparence sur ce qui s'est passé - et donc aussi entende toutes les personnes impliquées dans cette affaire.
"
"Il y a une colère très forte, elle est là parce que personne ne sait ce qui s'est passé", a-t-elle fait valoir, assurant que "personne", y compris François Hollande, "ne se satisfait de la mort d'un jeune homme, quelles que soient les circonstances". Et d'ajouter :
"C'est pour ça qu'il faut toujours que les enquêtes aillent au bout et il faut entendre de manière paisible la colère de ces familles et de ces victimes qui demandent simplement la vérité.
"
Quatre jours après les faits, et alors que la famille et les proches d'Adama Traoré dénonçaient une bavure policière, le Parti socialiste s'était dit "profondément touché", réclamant la "transparence sur les circonstances du drame".
Lundi 1er août, c'est Rama Yade qui s'est montrée "sceptique sur le traitement de l’affaire". La candidate à la présidentielle fustigeait surtout un "sentiment d’exclusion dans lequel vont se reconnaître beaucoup de jeunes", "tous ceux qui ressemblent à la famille de monsieur Traoré", alimenté par le silence du gouvernement selon elle. "Les pouvoirs publics doivent apporter de la considération à cette famille désœuvrée", affirmait l'ex-secrétaire d'État durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.