QUI NE DIT MOT CONSENT - Vous le savez désormais si vous avez attentivement écouté François Fillon et ses soutiens : le candidat LR à la présidentielle est victime d'un grand complot qui vise à l'abattre, lui et son projet présidentiel. Parmi les conjurés, on trouve évidemment "la gauche" et notamment l'Élysée, mais aussi un peu la justice et surtout les journalistes. Cette presse qui cherche à "lyncher" et à "salir" François Fillon est dénoncée à l'envie par l'ancien Premier ministre, beaucoup d'élus qui le soutiennent et donc leurs militants.
Le candidat a beau se défendre de faire lui-même "siffler la presse", son discours tend à chauffer ses supporters à blanc sur ce sujet. Jeudi 9 février à Poitiers, c'est Jean-Pierre Raffarin, lui aussi ancien Premier ministre, qui a fait huer les journalistes présents pour couvrir le meeting de François Fillon - avant que son entourage n'explique très sérieusement qu'il ne s'attendait pas du tout, mais alors pas du tout à cette réaction de la salle. Thierry Solère, lui, est plutôt modéré à ce niveau-là.
"Non mais moi je ne fais pas siffler la presse, j'ai aucun sujet avec ça", explique ainsi le député LR et porte-parole de François Fillon, sur RTL lundi 13 février. Il poursuit :
"Et je vois bien d'ailleurs que la camionnette de RTL a été attaquée [voir ici, ndlr], et c'est tout à fait regrettable et moi j'ai tout de suite tweeté le soutien à nos forces de l'ordre et aux journalistes qui sont sur le terrain en Seine-Saint-Denis.
"
Mais immédiatement après cette marque de "soutien" répétée, Thierry Solère refuse tout aussi nettement de condamner les élus qui appellent les militants à s'en prendre aux journalistes :
"- Journaliste : Mais vous regrettez que Jean-Pierre Raffarin ait fait siffler les journalistes à Poitiers jeudi ?
- Thierry Solère : Non, je ne dis pas cela. Je dis que vous êtes journaliste, vous faites votre travail.
- Journaliste : Non mais est-ce que vous le regrettez ?
- Thierry Solère : Vous êtes journaliste, vous faites votre travail, les juges font le leur. Moi je suis un député, la seule chose qui m'importe, c'est que mon pays se redresse et j'ai la profonde conviction que le seul qui peut opérer cela, c'est François Fillon. Et les Français, eux, ils ont un bulletin de vote dans les mains et ils vont choisir le prochain président de la République.
"
Vous avez noté que, relancé pour savoir si cette attitude le dérangeait, Thierry Solère botte totalement en touche. Une manière de ne pas répondre à la question... après avoir savamment évité de critiquer Jean-Pierre Raffarin qui, lui, "fait siffler la presse".
Au meeting de Fillon, on en vient à comparer les journalistes aux nazis qui conduisaient les juifs vers Auschwitz. @HugoClement#Quotidienpic.twitter.com/mnAwVV6O8c
— Quotidien (@Qofficiel) 10 février 2017