VIDÉO – Le député PS Nicolas Bays apprend par des journalistes que son assistant parlementaire donne des cours de lobbying

Publié à 11h52, le 13 février 2017 , Modifié à 13h19, le 23 février 2017

VIDÉO – Le député PS Nicolas Bays apprend par des journalistes que son assistant parlementaire donne des cours de lobbying
Nicolas Bays © Capture d'écran France 5

Le lobbying est monnaie courante à l'Assemblée nationale. L'an dernier, le Lab avait par exemple montré comment certains lobbys envoient des consignes aux députés , des propositions d'amendements déjà rédigées et reprises, parfois à l'identique, par les parlementaire dans leurs travaux.

Nouvel exemple de lobbying intensif ce dimanche 12 février.

L'émission C Politique, sur France 5 , a mis au jour les pratiques du collaborateur parlementaire du député PS Nicolas Bays. Celui-ci, en plus de son activité auprès de l'élu socialiste, donne des cours. Il n'est pas inhabituel pour un collaborateur d'avoir un autre travail en complément afin de compenser la précarité, souvent de mise, des contrats d'assistants parlementaires. Ce n'est donc pas le cours qui pose problème mais plutôt son contenu. Il arrive en effet au collaborateur de Nicolas Bays, comme on peut le voir en vidéo ci-dessous (à partir de 2'10''), d'enseigner aux lobbyistes comment rédiger un amendement.

[Edit 23 février]L'Avenir de l'Artois rapporte le 22 février que Nicolas Bays avait sanctionné son collaborateur parlementaire après l'avoir convoqué ce mercredi pour un entretien officiel. "Ce matin, je lui ai fait part de ma surprise et de mon mécontentement en lui disant bien que son attitude était inadmissible", explique le député socialiste qui raconte avoir "mis à pied pour une durée d'un mois" son assistant parlementaire. "Durant cette période, son badge d’accès au bureau sera désactivé et il ne percevra pas de salaire", poursuit-il.

Ou comment un assistant parlementaire donne aux lobbys les clés pour influencer les parlementaires…



Nicolas Bays assure ne pas avoir été au courant de ces pratiques. Du moins pas dans leur intégralité. Voici l'échange avec C Politique :

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-          Nicolas Bays : Il m'en avait parlé. Il donne des cours sur les institutions. On a fait vérifier quand il m'a demandé s'il pouvait le faire avant que je l'embauche et il doit donner, je pense, huit heures de cours dans l'année, sur les institutions françaises.



-          Journaliste : Sauf que le cours qu'il donne c'est : 'comment rédiger un amendement'. Donc clé en main, il explique aux futurs lobbyistes comment influencer les parlementaires. Ce n'est pas un mélange des genres dérangeant selon vous ?  



-          Nicolas Bays : Je ne savais pas qu'il avait ça en cours. C'est marqué quelque part qu'il fait ça ?



-          Journaliste : Sur le programme de l'école.



-          Nicolas Bays : Oui, c'est gênant que ce soit présenté comme ça. C'est une école, ce n'est pas un cabinet.



-          Journaliste : Oui mais c'est une école qui dépend directement d'un cabinet. L'école se trouve dans les bureaux d'un cabinet de lobbying.



-          Nicolas Bays : Je vais voir ça avec lui et il arrêtera.

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Dans la vidéo, l'assistant parlementaire forme les lobbyistes. Il prend pour exemple le cas d'une usine de sacs plastique menacée de fermeture après la décision prise par Ségolène Royal d'interdire leur distribution dans les magasins. Et fournit donc aux lobbyistes les clés pour influencer les parlementaires. Il raconte :

 

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Le cabinet Royal nous invente ce truc. Vous êtes lobbyistes, comment vous faites ? Eh bien vous appelez un autre ministre pour lui dire : 'hé, il y a ta collègue, tu sais, que tu détestes tellement là…' Vous êtes lobbyistes donc en l'occurrence, vous appelez quelqu'un comme, à l'époque c'était Emmanuel Macron.  Alors vous allez expliquer à Macron : 'Est-ce que fondamentalement, au nom de l'environnement, on est obligé d'aller détruire totalement des emplois ?'. Vous vous débrouillez pour que les parlementaires de la circonscription montent au créneau de manière publique. C'est leur intérêt, ce sont leurs électeurs qui sont en train de se faire virer. En plus vous, vous avez un levier à moitié populiste mais du diable : 'Non mais regardez ces espèces de technocrates absolument cinglés. Ils ne comprennent strictement rien à l'économie. Ils sont en train de détruire des pans entier'. Vous passez d'un truc qui au départ était très compliqué à un truc : 'Le peuple contre les élites'. Je peux vous dire que la ministre, elle commence à l'avoir un peu là.

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Ou comment un assistant parlementaire, aide de camp d'un élu de la République, explique que, pour promouvoir ses intérêts, exciter les ardeurs populistes est une bonne méthode.

Du rab sur le Lab

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