LOLILOL - Les exemples, les comparaisons, les métaphores, si possible fortement teintées de culture populaire, sont des outils discursifs politiques classiques, ou mises en application du "un bon dessin vaut mieux qu'un long discours". Aussi valable sous la forme "un bon mot vaut mieux qu'un long discours". Ce que Laurent Wauquiez a très bien compris.
Mardi 26 janvier, le député LR et président de la région Rhône-Alpes-Auvergne n'est pas venu les mains vides sur BFMTV. Il a prévu son coup, tout bien préparé, peut-être même répété devant la glace. Ce matin, il va mettre un bon petit taquet à Emmanuel Macron, vous lui en direz des nouvelles. Il attend le moment propice (que soit abordé le sujet des 35 heures, dont Manuel Valls a assuré lundi qu'elles figureraient dans le "préambule" du nouveau Code du Travail, semblant une nouvelle fois en dissonance avec son ministre de l'Économie) et envoie la sauce :
"Ce que je regrette, c'est que ça fait des années qu'on parle des 35 heures et qu'on fait rien. Vous me permettez une petit boutade un peu ironique sur Macron ? Je sais pas si vous vous souvenez, pour détendre l'atmosphère...
À une époque, y'avait des pubs pour les frites McCain, et on disait : 'C'est ceux qui en parlent le plus qui en mangent le moins'. Macron, c'est devenu la frite McCain de la politique. Il parle beaucoup de réforme économique, et c'est celui qui en fait le moins.
"
Crac. Bien calibré, bien mémorisable, bien imagé. Macron, la "frite McCain de la politique", voilà qui va rester.
Laurent Wauquiez est d'ailleurs tellement fier de sa trouvaille qu'il l'a également diffusée sur Twitter :
Sur les 35h notamment, @EmmanuelMacron est la frite McCain de la politique, celui qui en parle le plus et en fait le moins #BourdinDirect
— laurent wauquiez (@laurentwauquiez) 26 Janvier 2016
Sur BFMTV, il détaille le sens de sa formule : "À un moment, qu'il arrête de nous en parler. Il est ministre de l'Économie, mais ça sert à quoi ? Qu'il applique ses idées ! Sinon, il part mais ça n'a juste aucun sens. [...] Il est ministre de l'Économie, il s'occupe de Bercy et on nous dit : 'Mais en fait il est incapable de faire quoi que ce soit' ? [...] Ce qui m'exaspère aujourd'hui, c'est l'impuissance de la politique française : ça parle mais ça fait rien."
Avec Wauquiez, c'est toujours un succès.
[BONUS TRACK] <3 Superman
Laurent Wauquiez cumule. Il le dit, il l'assume, il n'a aucun problème avec ça. En témoigne cette réplique à Jean-Jacques Bourdin ce mardi, qui lui fait remarquer qu'il est "un cumurad" : "Oui et même pire que ça, je l'assume. C'est terrible, hein ?" Président de région, député et accessoirement numéro 2 de LR : voilà qui attire à Laurent Wauquiez des critiques jusque dans son camp. Gérald Darmanin a ainsi récemment ironisé à ce sujet, expliquant que tout cela "paraît relever de Superman". Interrogé sur cette phrase sur BFMTV, l'intéressé préfère jouer la carte de l'ironie :
"- Laurent Wauquiez : C'est gentil.
- Jean-Jacques Bourdin : Mais non !
- Laurent Wauquiez : Ah bon ? C'est pas gentil de dire ça ? Moi j'aime bien Superman ! Vous aimez pas Superman ?
"
Il ne va pas jusqu'à confirmer être secrètement un super-héros dans la peau d'un Clark Kent à la française, mais pas loin. Avant tout de même de glisser cette contra-attaque à Xavier Bertrand, mentor de Gérald Darmanin et devenu ardent défenseur du non-cumul des mandats :
"Xavier Bertrand qui donne beaucoup de leçons en la matière mais qui, sauf erreur de ma part, est resté président de son intercommunalité. Ce que je respecte, c'est sa décision. [...] C'est une interco [sic] de combien ? 100.000 habitants ? Voilà.
"
De fait, le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie a bien quitté son siège de député pour ne pas cumuler... mais cumule quand même. Oh, juste un peu : il reste conseiller municipal de Saint-Quentin (Aisne) ainsi que président d'agglomération.