LA CLASSE - Les hommes politiques ont des projets pour les jeunes, des rêves qu'ils aimeraient voir se transformer en réalité. Emmanuel Macron, par exemple, voulait que les jeunes de France rêvent de devenir milliardaires. Un projet pour le moins ambitieux puisqu'à moins d'une énorme dévaluation de l'euro, il est peu probable que les milliardaires se multiplient comme des petits pains dans les prochaines années.
Bruno Le Maire, lui, a un rêve beaucoup plus réaliste. Quoique…
Le candidat à la primaire, qui a fait du renouveau son crédo, a accordé une interview au célèbre youtubeur Hugo Travers – ce qui est, en passant, une jolie performance de la part de celui qui, en août, avouait ne pas savoir ce qu'était un youtubeur . Cette interview est surtout l'occasion pour celui qui, en revanche, maîtrise Tinder , de jouer une énième fois la carte jeune. Et vas-y que je te tutoies, et que je me comporte comme si j'étais sur mon canapé, chez moi, le tout entrecoupé, néanmoins, de réflexions sérieuses sur des sujets lourds comme la laïcité ou le terrorisme. C'est dans ce cadre que le candidat à la primaire formule un rêve pour la jeunesse de France. Il dit :
"N'importe quel petit Américain se dit : 'Putain, être américain, c'est la classe !'. Il est fier. Moi je voudrais que n'importe quel Français, dans n'importe quelle école de France, se dise : 'Putain, je suis Français, c'est la classe !' C'est ça qui compte le plus.
"
Pour que chaque enfant retrouve sa fierté et puisse se dire : "putain, je suis Français : c'est la classe !" ! pic.twitter.com/yDtelZ8lDV
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 6 octobre 2016
Et Bruno Le Maire de poursuivre en estimant que si on développe "le rejet de la France, le rejet de notre histoire, le rejet de notre langue", on peut avoir demain "des jeunes qui ont 19, 20 ans, qui méprisent la France, qui n'aiment pas la France et qui du coup vont trouver dans le combat contre la France une identité qui leur est propre". Il poursuit :
"Les racines du terrorisme, de ce terrorisme qu'on doit combattre aujourd'hui, elles sont très profondes parce que c'est pas des gens qui viennent de 1.000 ou 2.000 kilomètres de France. C'est des personnes qui ont été élevées en France, dans l'école française mais qui n'ont pas trouvé dans l'école française la fierté qu'ils auraient dû y trouver, l'amour de notre pays, le respect de la langue, l'amour de notre histoire. C'est par là que ça commence.
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"C'est par là que ça commence". Ou comment en venir, par une punchline pour le moins étonnante, à une réflexion sur les origines du terrorisme. Le tout face à un célèbre youtubeur. En matière de communication politique, l'exercice paraît réussi.