Ciotti défend Sarkozy et son "nos ancêtres les Gaulois" : "Jusqu'à quand va-t-on nier les évidences ?"

Publié à 09h05, le 20 septembre 2016 , Modifié à 10h35, le 20 septembre 2016

Ciotti défend Sarkozy et son "nos ancêtres les Gaulois" : "Jusqu'à quand va-t-on nier les évidences ?"
Éric Ciotti © VALERY HACHE / AFP

Il est "naturellement" d'accord avec le dernier propos légèrement polémique de Nicolas Sarkozy. N'attendez pas d'Éric Ciotti, porte-parole de l'ancien chef de l'État pour sa campagne de la primaire à droite, qu'il se désolidarise de son patron lorsque ce dernier explique doctement que "dès que vous devenez français, vos ancêtres, ce sont les Gaulois".

La reprise de la formule "nos ancêtres les Gaulois", vieux gimmick de l'héritage français à la réalité historique contestée par les historiens, a valu à Nicolas Sarkozy de rapides et acerbes railleries à gauche mais aussi à droite. Son porte-flingue des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, s'applique donc à faire le SAV de ce propos prononcé en meeting, lundi 19 septembre. "Ce que je veux dire et ce qu'a voulu dire Nicolas Sarkozy, c'est qu'il y a la nécessité, lorsqu'on est étranger et lorsqu'on vit en France, d'épouser la culture du pays qui vous accueille. Ce n'est pas à la France à s'intégrer ou à s'adapter à la culture de ceux qui viennent sur notre territoire, que l'on accueille", dit-il d'abord sur RFI ce mardi.

"Ce que nous disons, pour qu'il y ait cette assimilation, qu'il y ait cette adhésion aux valeurs de la République - c'est tellement essentiel parce qu'on voit que des jeunes sont devenus Français par hasard et ont la haine de la France -, [c'est qu'] il faut qu'ils épousent la culture française", poursuit-il. Avant de s'emporter contre une prétendue "bien-pensance" qui "nie les évidences" :

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Et j'entends aujourd'hui ce concert totalement stupéfiant de la pensée unique ou de la bien-pensance s'émouvoir que Nicolas Sarkozy dise que nos ancêtres sont des Gaulois. Mais jusqu'à quand est-ce qu'on va nier les évidences ? Est-ce que si demain Nicolas Sarkozy dit que la Terre est ronde, on va lui faire un procès en sorcellerie parce que c'est Nicolas Sarkozy qui l'a dit ?



Je crois que certains ont atteint le degré zéro de la pensée

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Joli retournement de polémique, puisque c'est justement l'ex-Président qui est accusé d'avoir touché le fond de la pensée politique avec cette déclaration. Sur Rue89 en 2008, une historienne rappelait que la Gaule était une notion "romaine" et que le concept très "Astérix" de "nos ancêtres les Gaulois" était quant à lui une construction du 19e siècle qui n’avait que peu de réalité historique. Éric Ciotti, pour sa part, juge cependant qu'il s'agit d'une vérité aussi vraie que le constat scientifique selon lequel "la Terre est ronde".

Tout le monde à droite n'est pas tout à fait sur cette ligne. Primaire oblige, d'autres candidats ont été amenés à réagir à cette déclaration symptomatique du concept d’assimilation à la sauce Sarkozy. Au même moment sur Radio Classique, Bruno Le Maire (qui contrairement à Nicolas Sarkozy préfère parler de "culture" que d'identité) a ainsi qualifié cette sortie de caricaturale :

 

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J'ai un grand-père pied noir. J'ai une arrière grand mère brésilienne. J'ai une mère qui est toulousaine. J'ai un père né à Paris. Et je me sens, avec toutes ces racines, pleinement, entièrement, fièrement Français. Ne nous caricaturons pas dans nos paroles parce que nous nous affaiblissons quand nous nous caricaturons. Toujours.

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La première réaction d'Alain Juppé, interrogé à ce sujet sur Franceinfo:, fut quant à elle la suivante :

 

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Rien, je souris, je souris. Je souris un peu.

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Sur le fond de ce propos sarkozyste sur l'assimilation, le maire de Bordeaux a ensuite marqué sa différence avec Nicolas Sarkozy :

 

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Assimilation, ça veut dire qu'on est tous pareils. Et qu'on devient tous pareils. Et qu'on coupe ses racines. Quand on coupe les racines d'un arbre, il meurt. On n'est pas tous pareils. Il faut respecter notre diversité - à deux conditions : pas de communautarisme (je n'accepterai pas que les communautés se replient sur elles-mêmes en contestant les valeurs communes) et que nous renforcions notre bien commun. On est divers mais si on n'a pas des choses en commun, on fait pas un pays. Et ce bien commun, on sait ce que c'est : c'est notre histoire, c'est notre langue, ce sont les racines chrétiennes de la France - c'est évident et il faut que les nouveaux arrivants, même si on ne leur demande pas de se convertir au christianisme, sachent ce que ça veut dire -, et puis c'est les valeurs de la République et parmi ces valeurs, j'insiste beaucoup, l'égalité entre les hommes et les femmes. Voilà ce qui fait notre bien commun, qui est soudé par l'amour de la patrie.

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Ancienne secrétaire d'État du quinquennat Sarkozy et figure de la "diversité" si chère à l'hôte de l'Élysée de l'époque, Rama Yade, aujourd'hui candidate à l'élection présidentielle, avait défouraillé dès lundi soir sur Twitter :

Elle n'est pas la seule à avoir fait cette référence à la phrase de celui qui venait de gagner la présidentielle et qui, dans son discours d'investiture en 2007, se présentait comme "un petit Français de sang mêlé". François de Rugy, député ex-EELV, soutien de François Hollande et candidat à la primaire de la gauche, avait réagi dans les mêmes termes.

 

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