BRÈVE DE CAMPAGNE - François Fillon le répète à l'envi : il serait "le seul", parmi les candidats à la présidentielle, à pouvoir obtenir une "majorité stable" aux législatives s'il est élu Président. Et même s'il perd ? Son fidèle soutien Jean-François Lamour, qui préside la commission d'investiture de Les Républicains, croit lui aussi en la victoire, à la fois à la présidentielle et aux législatives. Mais il n'évacue pas non plus l'hypothèse d'une défaite de son champion... compensée par une victoire de son parti quelques semaines plus tard. Ce qui impliquerait la nomination d'un Premier ministre et d'un gouvernement d'un autre bord politique que celui du chef de l'État, pour la troisième fois de l'histoire de la Vème République.
Auprès du Figaro vendredi 31 mars, le député LR de Paris dit ainsi :
"La cohabitation fait partie des possibilités.
"
Il ajoute même : "Nous avons tout intérêt à mener aussi campagne sur l'idée que nous pourrons porter notre projet dans ce cadre." Sous-entendu : il faut faire en sorte de pouvoir gouverner avec les uns et les autres si un tel cas de figure devait se produire. Et donc donner des signes à certains adversaires politiques (Emmanuel Macron, par exemple) en vue d'éventuelles alliances de circonstance, pour la constitution de "majorités de projet" ponctuelles.
Serait-ce la raison pour laquelle François Fillon a accueilli positivement la main tendue du néo-macroniste Manuel Valls en la matière ? "J'ai toujours entretenu un dialogue constructif avec Manuel Valls", a expliqué le candidat de la droite sur RTL jeudi, ajoutant : "Le pays est dans une situation très grave et tous ceux qui ont le courage de vouloir le redresser doivent pouvoir parler ensemble." Quand à Emmanuel Macron himself, le député de Paris a souligné que "pendant longtemps, [il] avait les mêmes idées" que lui "sur beaucoup de sujets"...
La veille, l'ex-Premier ministre de François Hollande avait lancé une vraie petite bombe à fragmentation dans les colonnes de L'Obs, affirmant vouloir "chercher à trouver des compromis avec la droite parlementaire" en cas de victoire de François Fillon à la présidentielle. Une offre inédite et qui faisait suite à l'appel à voter pour le leader d'En Marche ! formulé par le même Manuel Valls, en violation de son engagement écrit à soutenir le vainqueur de la primaire, en l'occurrence Benoît Hamon (qui a très mal pris ces deux sorties de son ancien chef de gouvernement).
Et cette hypothétique collaboration qui se dessine ainsi entre, d'un côté, l'aile droite du PS et au-delà et, de l'autre, les partisans de François Fillon, alimente évidemment le discours du Front national au sujet de cette "collusion" entre les deux principaux partis dits "de gouvernement". Réagissant aux propos de François Fillon et Manuel Valls, en meeting jeudi soir, Marine Le Pen a ainsi flingué :
"Ils font de l'UMPS une réalité.
"
Fillon et Valls? "Ils font de l'UMPS une réalité" assène Marine Le Pen - Trinité-Porhoet pic.twitter.com/vmxKXcaVC0
— C. Adriaens-Allemand (@cyriladriaens) 30 mars 2017
Un doute nous assaille tout de même à la lecture de cette attaque de la présidente frontiste : est-ce à dire que "l'UMPS" n'avait jusqu'ici pas de "réalité", alors que le parti d'extrême droite en a fait un élément de langage systématique ces dernières années ?
[BONUS TRACK]
Dans le même article du Figaro, Laurent Wauquiez ne se montre quant à lui pas très optimiste pour les législatives de juin. Il dit :
"Une majorité, je ne sais pas, mais en tout cas, je ne crois pas à une Berezina.
"
On a vu pronostic plus conquérant. Mais le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes n'en est pas à sa première déclaration étrange concernant François Fillon et ses troupes. Mercredi 29 mars, il avait ainsi tenu à préciser qu'il n'avait "pas prétendu un seul moment que [Fillon] était le mieux placé pour redresser la France". Sympa.