Comment Ayrault et Le Roux se sont déjà mis à dos une partie des députés PS

Publié à 07h36, le 05 septembre 2012 , Modifié à 07h37, le 05 septembre 2012

Comment Ayrault et Le Roux se sont déjà mis à dos une partie des députés PS
Bruno Le Roux, le 21 juin 2012. (Maxppp)

ÇA GROGNE - Les consignes de vote très directives sur le traité budgétaire européen martelées par le Premier ministre, puis le patron du groupe PS à l'Assemblée, font - déjà - râler une partie de la majorité parlementaire. 

Qui promettent de profiter de la réunion de groupe programmée ce mercredi pour rappeler qu'ils n'ont rien de godillots.

 

  1. "Ça ne sert à personne ce genre de posture martiale"

    La première réunion du groupe socialiste pour cette rentrée parlementaire risque d’être houleuse, promet un député socialiste fâché des sorties autoritaires des pontes de la majorité. Si Bernard Cazeneuve a prévu d'y participer, quid de Jean-Marc Ayrault ?

    "Elle sera vivante", rigole en tout cas la députée Barbara Romagnan, signataire avec l’ensemble des élus de la Gauche durable d’une lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault et François Hollande

    Car au-delà des divergences de fond concernant le traité européen, l’aile gauche du PS n’accepte pas les récents propos du président du groupe, Bruno Le Roux, sur la non-liberté de vote des députés socialistes

    Olivier Dussopt, député de l'Ardèche et fervent opposant au traité budgétaire européen, rappelle, quant à lui, au Lab

    Chaque député a, constitutionnellement, une liberté individuelle de vote

    La députée du Doubs, Barbara Romagnan, surenchérit : 

    A ce que je sache, il n’y a pas de possibilité d’imposer un vote.

    Mais la députée va plus loin :

    La déclaration de Bruno Le Roux est a minima très maladroite. A la limite de l’insultant. Ce n’est pas respectueux. Nous sommes des élus responsables. Ca ne sert à personne ce genre de posture martiale. Nous, nous sommes pour le dialogue. Si on vote contre, on ne fait pas ça pour embêter François Hollande ou le gouvernement. C’est qu’on a le sentiment que ce traité est mauvais.

    Il y aura donc un débat, qui s’annonce houleux, en réunion de groupe, les députés de l’aile gauche du PS n’ayant que modérément apprécié les déclarations de Bruno Le Roux ("Non. Non, il y aura une position du groupe qui aura été prise après débat", expliquait, lundi, le député de Seine-Saint-Denis.) -ainsi que de Jean-Marc Ayrault- avant même ces premières discussions de fond.

     En off, un élu socialiste gronde, au Lab :

    Il aurait pu s’en passer. Surtout juste avant la réunion de groupe. J’étais prêt à m’abstenir par solidarité, mais ces dernières déclarations m’entrainent à rester sur ma position.

    "Je comprends que Le Roux fasse un travail de pédagogie. Il ne faut pas dramatiser, il y aura un débat au sein du groupe", atténue Oliver Dussopt.

    Le risque, pour le parti socialiste, est pourtant d’apparaitre comme un parti de godillots. Ce qu’il reprochait à la droite lors de la précédente législature.

    "Il y a toujours un risque, dans une majorité, d’avoir un groupe qui soutient de manière inconditionnelle la politique du gouvernement", concède Olivier Dussopt., rejoint encore une fois par Barbara Romagnan :

    On a assez moqué la droite, l’UMP, sur le fait d’être godillots pour ne pas le faire nous-mêmes.

    De son côté, le député Yann Galut promet :

    Il va y avoir un vrai débat au sein du groupe. J’étais pour le Non en 2005 mais j’envisage de voter favorablement à ce texte là. S’il y avait une vingtaine de votes contre, cela pourrait être problématique : ceux là auraient une responsabilité qui me poserait problème.

    Tel est l’argument avancé par Jean-Marc Ayrault et les responsables de la majorité : à savoir qu’une ratification entachée de votes contre affaiblirait François Hollande face à Angela Merkel.

    Des arguments rejetés d’un revers de main par les opposants au traité.

    "C’est exactement  le même traité que celui négocié par Nicolas Sarkozy, appuie un député qui votera vraisemblablement contre. Ce n’est pas servir François Hollande. Nous sommes le Parlement, autonome vis-à-vis du président."

    Olivier Dussopt ajoute, dans l’attente de connaître la teneur du "paquet européen" proposé aux députés :

    Cela n’affaiblirait pas François Hollande : tous les députés socialistes le soutiennent pour avoir obtenu des avancées conséquentes. Et là, ce n’est pas une réforme constitutionnelle, c’est une ratification européenne classique : le texte sera ratifié.

    Et Barbara Romagnan de se demander :

    Je peux hésiter entre le non et l’abstention : que vaut-il mieux, être 60/70 à s’abstenir ou 20 à voter contre ? Mais si le traité est adopté, je voterai la loi organique. Je suis solidaire. 

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