Comment les proches de Marine Le Pen tentent de justifier le plagiat d’un discours de François Fillon

Publié à 09h11, le 02 mai 2017 , Modifié à 09h11, le 02 mai 2017

Comment les proches de Marine Le Pen tentent de justifier le plagiat d’un discours de François Fillon
Marine Le Pen et François Fillon. © Montage le Lab via AFP.

#ETALORS ? - Pour son discours du 1er mai, lors de son grand meeting parisien d’entre-deux-tours, Marine Le Pen, candidate de l'extrême droite au second tour de la présidentielle, a plagié au moins quatre passages d'un discours prononcé mi-avril par François Fillon, candidat de la droite éliminé au 1er tour. Du plagiat, ça ? Mais pas du tout, répliquent en stéréo les proches de la candidate FN, pour tenter de justifier "cet emprunt" au candidat LR défait sur un air de "et alors ?".

Interrogé par l'AFP sur ce plagiat, Florian Philippot, vice-président du parti Front national, a assuré qu'il s'agissait en fait d'un "clin d'œil assumé à un bref passage touchant d'un discours sur la France" de la part "d'une candidate de rassemblement qui montre qu'elle n'est pas sectaire". Un élément de langage pour se sortir de cette polémique rôdé et distillé mot pour mot sur toutes les antennes par les cadres frontistes pour déminer. 

Directeur de campagne de Marine Le Pen, le sénateur-maire FN de Fréjus, David Rachline, dit la même chose ce mardi 2 mai sur France 2, ajoutant qu’il "y a des valeurs communes avec François Fillon" – que le FN n’a pourtant pas épargné durant la campagne :

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Il s’agit d’un petit clin d’œil. Parce que dans le discours de François Fillon à l’époque, il y avait un certain nombre d’éléments intéressants et c’est vrai, à l’heure du buzz, on a constaté que ça faisait parler. Ce clin d’œil était apprécié. Il y a une continuité historique, des valeurs communes avec Fillon.

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Secrétaire général du FN, Nicolas Bay poursuit la parole "perroquet" des cadres frontistes pour expliquer cet emprunt qui fait mauvais genre et souligne que "ce n’est pas un plagiat", sinon ils auraient repris un discours moins récent, assure-t-il :

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Marine Le Pen a tenu un long discours et elle a fait un emprunt d’une minute, une minute et demie à un récent discours de François Fillon. Ça montre que Marine Le Pen n’est pas sectaire et lorsqu’un de ses concurrents du premier tour parle bien de la France, eh bien, elle peut reprendre ses propos. C’est totalement assumé, un clin d’œil assumé. Ça montre qu’on peut se nourrir des paroles des autres. François Fillon avait bien parlé de la France, voilà, Marine Le Pen reprend ses propos. Quand il s’agit de parler de la France… C’est pas un plagiat, si on avait voulu cacher, dissimuler, on n’aurait pas repris un discours d’il y a 15 jours, public, en plein pendant la campagne présidentielle. 

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"Ça s’appelle un clin d’œil. Quand on partage la même vision de la nation. Je pense qu’avec une partie de la droite, on a exactement la même vision de l’identité, de la nation et de l’indépendance nationale", a renchérit Louis Aliot, également vice-président du FN, sur LCI qui explique que François Fillon n’a pas été cité comme auteur de ces citations car, à "son avis", "monsieur Fillon non plus" n’est pas l’auteur de ces phrases.

Et pour cause, selon RTL ce mardi, un homme qui tente d’allier les deux droites serait à l’origine de ces passages de discours similaires de François Fillon et de Marine Le Pen. Il s’agirait de Paul-Marie Couteaux, ex-lepéniste devenu filloniste. "Ils ont la même vision gaullienne", plaide-t-il en off, cité par la journaliste Pauline de Saint Rémy.

Le 15 avril, François Fillon avait loué dans son discours au Puy-en-Velay (centre-est) la géographie de la France, et notamment ses "frontières terrestres: les Pyrénées d'abord, qui engagent la France dans cet immense ensemble qu'est le monde hispanique et latin. Il y a la frontière des Alpes, vers l'Italie notre sœur et, au-delà, l'Europe centrale, balkanique et orientale". Quinze jours plus tard, lors de son meeting lundi à Villepinte, Marine Le Pen, qui cherche à séduire l'électorat conservateur en parallèle de ses clins d’œil aux "insoumis" de Jean-Luc Mélenchon, a prononcé les mêmes phrases, quasiment au mot près, en louant à son tour "les frontières terrestres: les Pyrénées qui engagent la France dans cet immense ensemble qu'est le monde hispanique et latin. Nos Alpes, qui nous ouvrent vers l'Italie notre sœur et, au-delà, l'Europe centrale, balkanique et orientale".

Mêmes phrases également, à deux semaines d'écart, quand François Fillon et Marine Le Pen saluent la vigueur de la langue française : "Si l'on apprend notre langue, quelquefois à grand prix, en Argentine ou en Pologne, s'il existe des listes d'attente pour s'inscrire a l'Alliance française de Shanghaï, de Tokyo, de Mexico, ou bien au lycée français de Rabat ou de Rome, si Paris est la première destination touristique mondiale, c'est que la France est autre chose et bien plus qu'une puissance industrielle, agricole ou militaire". Marine Le Pen vante aussi une troisième voie "française" pour le XXIe siècle: "la voie de la culture, du doute, de la discussion, du compromis, du dialogue, la voie de l'équilibre, de la liberté des individus et des peuples". Petite nuance toutefois: pour M. Fillon, c'est une alternative au nazisme et au stalinisme quand Mme Le Pen y voit une alternative au "mondialisme" et à "l'idéologie islamiste".

Enfin, Marine Le Pen cite, comme l'avait fait François Fillon au Puy-en-Velay, deux mêmes phrases de Georges Clemenceau (président du Conseil de 1906 à 1909, puis de 1917 à 1920) et d'André Malraux (écrivain et homme politique qui fut ministre de la Culture du général de Gaulle).

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