JE POSE LA QUESTION - "Les médicaments sont-ils responsables du drame de l'A320 ?" C'est l'interrogation que Bernard Debré, député UMP de Paris, a partagée sur son blog, vendredi 27 mars. L'élu, par ailleurs médecin de formation, concentre sa réflexion autour du "traitement" que suivait le copilote Andreas Lubitz, soupçonné d'avoir volontairement provoqué le crash de l'avion de la compagnie allemande Germanwings qui a fait 150 morts, mardi 24 mars.
Bernard Debré estime que des antidépresseurs pourraient avoir "désinhibé" Andreas Lubitz et "déclenché" son geste.
>> Ce que l'on sait sur la "maladie" et le "traitement" d'Andreas Lubitz
L'enquête menée par le procureur de Düsseldorf a révélé vendredi que le copilote a caché qu'il faisait l'objet d'un arrêt maladie le jour de l'accident, alors que des troubles psychiatriques semblent l'hypothèse privilégiée. Le procureur a annoncé à la presse que des attestations d'arrêt maladie avaient été retrouvées déchirées chez Andreas Lubitz. Ces documents saisis viennent "appuyer la thèse" selon laquelle le jeune homme "a caché sa maladie à son employeur et à son environnement professionnel", selon le magistrat. Les documents retrouvés attestent d'une "maladie existante et de traitements médicaux correspondants", a précisé le procureur, qui n'a pas révélé la nature de la maladie. Voilà pour les informations officiellement confirmées.
Mais la presse allemande avance d'autres éléments. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, qui ne cite pas de source, les arrêts seraient "apparemment" signés d'un "neurologue et psychiatre". Il y a six ans, alors qu'il suivait sa formation de pilote, Andreas Lubitz avait souffert d'une grave dépression, a révélé le quotidien Bild, sur la base de documents officiels auxquels il a eu accès. Le pilote, originaire de la petite ville tranquille de Montabaur, dans l'ouest de l'Allemagne, faisait l'objet d'un suivi "médical particulier et régulier" depuis lors, selon le quotidien.
>> Ce qu'écrit Bernard Debré
À la lumière de ces informations, pas toutes confirmées donc, l'élu UMP - qui précise qu'il est titulaire d'un "diplôme de médecine aéronautique et spatiale depuis 1981" - écrit :
"On apprend aujourd’hui que le copilote était un jeune homme, dépressif sous traitement. Si je précise 'dépressif sous traitement', c’est qu’il y a selon moi une raison claire à ce suicide.
"
Selon Bernard Debré, cette "raison claire" résiderait dans les effets de certains antidépresseurs sur les patients :
"Dans certains cas, lorsqu’un dépressif est traité par un antidépresseur, il peut arriver qu’il soit désinhibé par les médicaments. La volonté suicidaire, qu’il n’arrivait pas à exprimer avant son traitement, peut alors se déclencher grâce à cette désinhibition médicamenteuse. Cette situation est connue pour beaucoup d’antidépresseurs, entre autre les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine.
"
"Certains grands laboratoires, qui ont mis sur le marché ces antidépresseurs sans le dire il y a dix ou vingt ans, ont pu être condamnés par la justice américaine à plusieurs millions de dollars", ajoute-t-il, citant plusieurs cas.
Et de poursuivre, se disant "sidéré qu’on ait pu permettre à ce jeune homme de piloter". Il fait ensuite plusieurs suppositions :
"Peut-être le médecin personnel de cet homme n’a-t-il rien dit. Si c’est le cas, il s’agit là d’une faute professionnelle de sa part. Comment ne pas prévenir l’employeur, y compris en levant le secret médical, lorsqu’il y a un risque majeur pour des passagers ? Peut-être était-ce le médecin de la compagnie, ce qui serait encore plus grave. Si la compagnie elle-même a été mise au courant, elle porterait là une lourde responsabilité.
"
Il conclut, jugeant que l'histoire d'Andreas Lubitz pourrait être porteur d'enseignements quant à la nécessaire "prise en compte" de "certaines maladies psychologiques, traitées avec certains médicaments antidépresseurs", par "certaines professions à responsabilité" :
"Cela ne fera pas revenir les morts. Cela n’ôtera par le caractère dramatique de ce crash. Mais, cela servira peut-être àprendre conscience que certaines maladies psychologiques, traitées avec certains médicaments antidépresseurs, doivent être prises en compte et faire l’objet d’une très grande attention dans certaines professions à responsabilité.
"
>> À lire sur Europe1.fr : Crash de l'A320 : il avait "planifié de commettre un acte odieux"