SUIVEZ MON REGARD - "Dans une société où tout est à fleur de peau…" C'est par ces mots qu'Henri Guaino avait critiqué l'emploi polémique, par François Hollande, de l'expression "Français de souche". Mais c'est aussi en quelque sorte son argument pour critiquer les prises de position de *certains* de ses camarades à l'UMP.
En l'occurrence, le député d'opposition des Yvelines s'est déjà fermement opposé au "menu unique" dans les cantines, défendu notamment par Nicolas Sarkozy. Il l'a fait publiquement, dans les médias, mais aussi de manière plus virulente et s'adressant directement au président de l'UMP, lors d'un bureau politique du parti.
Dans les colonnes de Libération (article payant), samedi 28 mars, l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy durcit encore ses critiques. En cause, cette fois : la satisfaction du bureau politique de l'UMP devant le "franc succès" que rencontrerait l'idée du "menu unique" auprès des militants et sympathisants du parti, rapporte le quotidien.
Et Henri Guaino de prévenir contre les dangers "moraux" mais aussi "politiques" de ce type de proposition :
"[En] attisant les feux de la colère, [on ne fait] que nourrir la défaite morale qui précède la défaite politique.
[...] Je ne nie pas la question identitaire, bien au contraire. Mais nous avons une nation à refaire. Quelle allure aura-t-elle, si l'on dresse les Français les uns contre les autres, musulmans contre non-musulmans ?
"
Certes, Nicolas Sarkozy n'est pas totalement seul, à l'UMP, à vouloir la fin des menus de substitution sans porc dans les écoles. Laurent Wauquiez, notamment, soutient cette proposition. Mais, de Rachida Dati à Alain Juppé en passant par Claude Goasguen et Arnaud Robinet, nombreux sont ceux qui s'en sont désolidarisés.
En outre, une récente déclaration de Nicolas Sarkozy semble confirmer que l'ancien chef de l'État fait bien partie de ceux qui, dans l'esprit d'Henri Guaino, "attisent les feux de la colère". Sur RTL mardi 24 mars, le président de l'UMP répondait à un père de famille musulman qui lui présentait le cas de ses deux enfants, qui consomment ces fameux menus sans porc (qui ne sont pas des menus halal). Et Nicolas Sarkozy de lui expliquer :
"Si vous voulez que votre enfant vive la religion de ses parents, la République dans sa grande sagesse a prévu un enseignement confessionnel.
"
Comprendre : pour bénéficier des menus sans porc, qui n'ont pas à strictement parler de fondement religieux, ceux qui n'en consomment pas au nom de leur religion n'ont qu'à quitter l'école républicaine pour des écoles religieuses. D'aucuns y voient donc une manière de "dresser les Français les uns contre les autres, musulmans contre non-musulmans".
Soit un argument très souvent mis en avant par les adversaires de Nicolas Sarkozy.
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