#LaQuestionCon - Il est des questions que personne ne se pose, jusqu'à ce que quelqu'un se les pose. Le monde réalise alors qu'il aurait dû se les poser avant. Le Lab se dévoue donc en consacrant cette chronique à ces interrogations essentielles.
Aujourd'hui : Économies dans les dépenses de l’Etat : pourquoi Marine Le Pen varie entre 60 et 96 milliards d'euros ?
Dans le programme officiel de Marine Le Pen, visible sur marine2017.fr, la candidate du Front national promet une politique économique permettant "de dégager près de 60 milliards d’euros en 5 ans" dans les dépenses de l’Etat. Des économies que Marine Le Pen, si elle est élue présidente de la République, promet de faire sur "la gestion de la Sécurité sociale, la fraude sociale et l’évasion fiscale (notamment les profits détournés), sur l’Union européenne, sur l’immigration (dont la suppression de l’AME), sur la réforme institutionnelle (suppression des doublons...) et sur la délinquance".
Problème : ce chiffre de 60 milliards n’est pas celui avancé par la candidate d’extrême droite dans ses récentes interviews, comme l'a repéré le journaliste de l'AFP Guillaume Daudin. "Vous avez lu mon projet ? Il est clair", a déclaré Marine Le Pen ce mardi 4 avril sur Public Sénat et Sud Radio donnant alors le chiffre de… 80 milliards, voire 90 :
"Je fais 90 milliards de baisses d’impôts et de charges. Et je fais 80 milliards d’économies. Les 10 milliards restants vont être apportés par la croissance et la modification du modèle économique.
"
Moins de deux semaines plus tôt, l’eurodéputée FN, alors invitée de la matinale de BFMTV, avançait pourtant un chiffre encore différent :
"Non, ce n’est pas inconsidéré. J’ai des mesures d’économies pour 96 milliards, je l’ai détaillé dans mon projet.
"
A chaque fois des références à son "projet" qui ne correspondent pourtant pas au chiffre initialement indiqué dans ce programme présidentiel. Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup, comme dirait l’autre.
Mais pourquoi de telles variations ? Bernard Monot, eurodéputé FN et économiste de profession, à l’origine du projet économique de Marine Le Pen explique au Lab ces étonnantes différences de chiffrage :
"C’est cohérent. Cela dépend si c’est la fourchette basse ou haute qui est prise. La fourchette des économies se situe entre 60 et 90 milliards. On a été très modestes en fondant nos prévisions sur la fourchette basse.
"
Décortiquant le programme économique de la candidate frontiste à la présidentielle, Challenges notait déjà le 11 février qu’il y avait "du flou sur les économies" . Non seulement dans le chiffrage global mais aussi dans le détail de ces économies. "Un seul chiffre à se mettre sous la dent : les 60 milliards en cinq ans que rapporteraient pêle-mêle les économies sur la gestion de la Sécurité sociale, l'Union européenne, l'immigration ou la délinquance. Les mesures concrètes sont rares", analysait le magazine.
Voilà, vous savez tout. De rien.
C'était très intéressant.