Marine Le Pen a décidé de faire moins d'apparitions dans les médias cette année et si vous ne vous en étiez pas forcément rendu compte c'est sans doute parce que la présidente du FN n'a pas ménagé ses efforts en ce mois de juin, participant à la matinale d'Europe 1, au JT de TF1, puis, ce mercredi 29 juin, à la matinale de LCI. Pas mal pour quelqu'un qui est en retrait des médias.
Il est cependant normal de voir autant la présidente frontiste : l'actualité de ce début d'été la concerne au premier plan. Elle qui milite pour une sortie de la France de l'Union européenne ne peut rester silencieuse après la victoire du Brexit au Royaume-Uni . Cela serait un chouïa dommage pour elle.
Sur LCI, donc, ce mercredi matin, Marine Le Pen salue une nouvelle fois le choix des citoyens du Royaume-Uni et vante les avantages qu'ils auront, selon elle, à quitter l'Union européenne. Moins d'un an avant la présidentielle française, elle peut ainsi dérouler sa vision rêvée de l'Europe. La voici :
"L'Europe que je veux, c'est l'Europe des nations et des coopérations. C'est une Europe dans laquelle, de la manière la plus simple qui soit, il y a un projet. Qui veut participer à ce projet le peut. Personne n'est contraint de le faire. Et volontairement, les nations participent ou non à un projet. Mais dites-moi, c'est exactement Erasmus. Et Erasmus, ça n'a rien à voir avec l'Union européenne.
"
La journaliste de LCI Arlette Chabot demande alors qui "propose un projet" s'il n'y a plus d'Union européenne. Marine Le Pen rétorque que ni Airbus, ni Ariane, ne sont des projets de l'UE. "Ce sont les projets qui n'émanent pas de l'Union européenne qui ont fonctionné", ajoute-t-elle.
Cette vision rêvée de Marine Le Pen peut être séduisante auprès de certains. La présidente du FN a d'ailleurs raison lorsqu'elle dit qu'Airbus et Ariane "n'émanent pas de l'Union européenne". Airbus est né à la fin des années 60 sous l'impulsion des fabricants d'aéronautique français, britanniques et allemands. Ariane est également le fruit d'une coopération de plusieurs pays européens, dont la France. Le quart du budget du programme spatial européen est cependant fourni par l'Union européenne et l'Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques, qui ne fait pas partie de l'UE.
Le premier exemple choisi par la candidate à l'élection présidentielle, Erasmus, est en revanche totalement faux. Le programme d'échange d'étudiants entre les universités et les grandes écoles européennes est né grâce à l'Europe , à l'époque réunie sous la CEE. C'est d'ailleurs sous l'impulsion de la décriée Commission européenne et de son président de l'époque Jacques Delors qu'a été lancé, en 1987, ce programme de mobilité.
En 2012, la Commission européenne a demandé au Conseil et au Parlement européen de combler en urgence un déficit de 9 milliards d’euro dans le budget de l'UE pour sauver le programme. Depuis sa création, environ 3 millions d'étudiants y ont participé.
Pour illustrer l'Europe dont elle rêve par rapport à l'Europe qu'elle déteste, Marine Le Pen prend donc l'exemple parfait de ce qui peut fonctionner, aujourd'hui, dans l'Union européenne. Son argument est donc invalide.