Migrants : après le Brexit, Hollande ferme la porte à une remise en cause des accords du Touquet

Publié à 15h55, le 29 juin 2016 , Modifié à 16h09, le 29 juin 2016

Migrants : après le Brexit, Hollande ferme la porte à une remise en cause des accords du Touquet
François Hollande © AFP

C'EST NON - Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, la maire LR de Calais Natacha Bouchart, l'eurodéputée EELV Karima Delli ou encore Alain Juppé avaient immédiatement embrayé après le oui du Royaume-Uni au Brexit : ces élus réclamaient de l'exécutif qu'il remette en cause les accords du Touquet. Signé en 2003 et amendé en 2010 entre la France et le Royaume-Uni, ce traité sur l'immigration illégale confie les contrôles d'immigration au pays de départ. En l'occurrence à la France et non à Londres, ce qui pose, de fait, une frontière à Calais et non à Douvres. Mais François Hollande a clairement indiqué, mercredi 29 juin, son refus de revenir sur cet accord bilatéral (et non dépendant de l'UE, donc).

Le chef de l'État a abordé ce sujet pour la première fois depuis la victoire du "Leave" outre-Manche, lors d'une conférence de presse liée au Conseil européen à Bruxelles. Et il a été on ne peut plus clair, jugeant que le Brexit ne pouvait pas servir de "prétexte" à ce sujet :

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Remettre en cause l'accord du Touquet au prétexte que le Royaume-Uni a voté le 'Brexit' [...] n'a pas de sens.

 

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Et de renvoyer la droite à ses responsabilités quant à l'existence de ce traité, signé durant le second mandat de Jacques Chirac. Aujourd'hui, la "droite française" voudrait "défaire ce qu'[elle a] fait", a-t-il ainsi ironisé :

"Ce qui doit peut-être être revu, c'est comment mieux fonctionner entre Royaume-Uni et France pour améliorer la situation de ces migrants, des mineurs", a-t-il ajouté. Voilà donc la fin de non recevoir officielle de l'exécutif aux demandes de la droite en particulier, redoublées depuis le Brexit.

Mais cela n'est pas une surprise. Au mois de mars, Bernard Cazeneuve avait en effet développé la même position. Alors qu'Emmanuel Macron avait menacé les britanniques de laisser partir les migrants de Calais, le ministre de l'Intérieur l'avait fermement recadré :

 

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Si nous ouvrons demain la frontière, que se passe-t-il ? Ben les Anglais, qui sont maîtres de leur propre frontière, peuvent la bloquer au moment de l'arrivée des migrants en Grande-Bretagne.  Ils seront à ce moment-là reconduits en France et j'aurais alimenté un flux et augmenté un stock et aggravé un problème humanitaire.

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À l'époque, cette remise des pendules à l'heure touchait aussi, indirectement, François Hollande. Le Brexit aurait "des conséquences sur notre manière de gérer les migrations, avait prévenu le chef de l'État. Il est normal que, dans toute élection, le vote ait des conséquences…" On pouvait alors y voir une menace à peine voilée de remettre en cause les accords du Touquet. Visiblement, on s'était trompé. Ou alors le président a rangé cette idée au placard.

Jean-Marc Ayrault, lui aussi, s'oppose à la remise en cause des accords du Touquet. Ce 24 juin, le ministre des Affaires étrangères et chef de la diplomatie française déclarait ainsi :

 

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L'accord du Touquet, c'est où est la frontière. Si c'est pour la mettre, comme certains le préconisent, de l'autre côté de la Manche, il faudra mettre des bateaux pour sauver des gens qui seront dans l'eau.

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