L'agression de deux policiers, durant la nuit de la Saint-Sylvestre à Champigny , est l'occasion pour de nombreux politiques : 1) d'apporter leur soutien inconditionnel aux forces de l'ordre et 2) de critiquer la suppression des peines planchers sous le précédent quinquennat. "Loin des rodomontades et des gesticulations verbales, le vrai signal serait de rétablir les peines planchers supprimées par Christiane Taubira", a ainsi réagi le secrétaire national Les Républicains en charge des questions de justice, Georges Fenech. Le secrétaire du syndicat de policiers Alliance en Île-de-France, Loïc Travers, demandait quant à lui lundi 1er janvier sur BFMTV "le retour des peines planchers".
Invité de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi, Éric Ciotti partage cette position. Il va même plus loin en dénonçant une forme de laxisme ambiant qui aurait survécu à Christiane Taubira et inciterait donc à tous les débordements, comme ceux de Champigny, que le député LR des Alpes-Maritimes qualifie de "forme de barbarie contemporaine". Il poursuit :
"Aujourd'hui il faut savoir qu'on ne sanctionne plus. Il y a eu l'idéologie de madame Taubira. Il y a eu le refus de construire des places de prison. Et on est dans l'hypocrisie. […] Quelqu'un qui est condamné à moins de deux ans de prison ferme ne fera pas un jour de prison par le mécanisme des aménagements.
"
Un argumentaire assumé puisque rediffusé après l'interview sur Twitter :
Aujourd’hui quelqu’un condamné à 2 ans de prison ferme ne fera pas un jour de prison par le mécanisme des aménagements de peine. Il ne doit plus y avoir aucun aménagement de peine pour ceux qui s’attaquent aux policiers ! #BourdinDirectpic.twitter.com/i4UJjdsqBl
— Eric Ciotti (@ECiotti) 3 janvier 2018
Éric Ciotti n'en démord pas. "Je demande aujourd'hui qu'il n'y ait plus aucun aménagement de peine pour des condamnations qui sanctionnent un outrage à un dépositaire de l'autorité publique, à un policier, à une violence contre un policier ou un gendarme. Plus un jour d'aménagement de peine, plus de réduction de peine, plus de libération conditionnelle pour que les peines soient exécutées. La justice sanctionne mais faute de place de prison, les peines ne sont pas exécutées. C'est là le problème majeur", ajoute-t-il avant de répéter :
"Plus d'aménagement de peines parce que même s'il y a une peine plancher, si quelqu'un est condamné à un an de prison, il ne fera pas un jour. C'est ce que vos auditeurs doivent comprendre.
"
Les auditeurs de Jean-Jacques Bourdin pourraient sûrement le comprendre si cette affirmation signée Éric Ciotti n'était pas tout simplement fausse. Comme l'avait noté franceinfo durant la campagne présidentielle, selon les chiffres du ministère de la Justice, 19,78% des détenus en France au 1er janvier 2015 purgeaient une peine de moins de six mois, 22,1% des détenus une peine de six mois à un an.
Ci-dessous, le graphique de franceinfo reprenant ces chiffres :
Et le graphique du ministère de de la Justice :
Éric Ciotti n'est d'ailleurs pas le premier des politiques à user de cette intox. Durant la dernière campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait affirmé, sur TF1, que "les peines de moins de deux ans" sont "systématiquement non appliquées".
Marine Le Pen, également, avait affirmé qu"on ne peut pas incarcérer des gens qui sont condamnés à moins de cinq ans de prison", du fait des "lois de laxisme judiciaire de madame Dati et de madame Taubira". Ce qui est donc faux.
[BONUS TRACK] De confort
Éric Ciotti est opposé à l'élargissement de la PMA pour les couples de femmes. Il le dit avec ses mots :
"Je suis opposé à la PMA pour des raisons qui sont liées à des raisons de confort, j'allais dire de choix.
"
Pour lui, l'autorisation d'une PMA "dans ce cadre" serait "la porte ouverte à la GPA". Le député LR se dit en revanche "naturellement" favorable à la PMA "pour des raisons d'infertilité". "Elle est permise, elle est autorisée, c'est un progrès", juge-t-il.