#COMPLOT – Il fait chaud. Sur une page de Nice, une femme est allongée. Elle se repose sur les galets. Seule. Mais cette personne a oublié que sa tenue, une tunique, un legging et un voile, pouvait être à l'origine d'un grand trouble à l'ordre public. Ni une ni deux, la maréchaussée niçoise intervient et verbalise la plagiste, obligée de retirer sa tunique . La République est sauvée.
French ban on the burkini is threatening to turn into a farce https://t.co/rsuk2iajqOpic.twitter.com/OssfVGrP9Q
— Daily Mail Online (@MailOnline) 23 août 2016
Cette scène a été captée et diffusée par le tabloïd britannique The Daily Mail . Elle s'ajoute au témoignage d'une mère de famille verbalisée devant ses enfants à Cannes parce qu'elle portait, elle aussi, un legging, une tunique et un hidjab sur la plage. Depuis, les commentaires acerbes sur le glissement qui semble s'opérer en France se multiplient. Outre-Manche pour commencer, mais pas seulement. Dans un communiqué publié ce mercredi 24 août, le PS dénonce, concernant la verbalisation de Cannes, une "dérive particulièrement dangereuse" .
Et puis il y a Julien Dray.
Ce mercredi, l'élu PS d'Île-de-France suggère que les photos du Daily Mail sont le résultat d'une machination. Sur Facebook, il écrit :
"Pas besoin d'être grand sorcier pour comprendre que les photos sur la plage de Nice n'ont rien de photos surprises...
"
Contacté par le Lab, Julien Dray se fait plus explicite. Oui, ces photos lui semblent suspectes et ce pour plusieurs raisons. "Je n'ai pas de preuve formelle mais les informations qu'on me donne laissent penser qu'il s'agit de photos préparées", dit-il. Et Julien Dray de dérouler les indices :
"Ça se voit. Les photos sont nettes. Elles ont été prises avec un téléobjectif. La femme est sur la plage sans serviette. Elle se met à côté d'un poste de police, etc. Et puis il n'y a qu'à voir la rapidité avec laquelle les images ont été reprises. Il faut enquêter et à mon avis on va avoir de grosses surprises.
"
Premier adjoint à la mairie de Nice, Christian Estrosi dénonce lui aussi une "manipulation qui dénigre la police municipale", mais sans donner la moindre justification à ses accusations.
Communiqué du premier adjoint au maire de Nice pic.twitter.com/15LikaMScu
— jules darmanin (@JulesDrmnn) August 24, 2016
Cité par Libération , un responsable de l’agence Best Image qui commercialise les clichés de Nice, dément toute mise en scène. :
"Je peux vous assurer qu’il n’y a rien de monté, aucune mise en scène, dit-il. [...] La dame n’a pas été payée, et n’a pas non plus pris gracieusement la pose pour la photo. C’est un fait divers classique.
"
Pour Cannes déjà, certains avaient émis des doutes.
Quelques-uns à l'extrême droite avait par exemple trouvé bien commode qu'une journaliste de France 4 se soit trouvée sur une plage de la Côte d'Azur en plein mois d'août au moment où une mère de famille se faisait verbaliser parce qu'elle portait un voile. Le témoignage de cette journaliste a été relayé par L'Obs. "Elle [la mère de famille] a de la chance, il y avait par hasard une journaliste de France 4 juste à côté. Donc ça tombe très bien pour elle" a par exemple commenté le vice-président du FN Florian Philippot ce mercredi sur RTL , avec une grande ironie, estimant peut-être qu'une plage de la Côte d'Azur n'est pas un endroit où les gens se rendent au mois d'août.
Mais que les photos et les verbalisations soient le fruit d'une machination comme semble le penser certains élus, le résultat est le même : cité par FranceInfo: ce mercredi, le journaliste de RFI spécialiste de Daesh David Thompson, "les clichés de Nice vont alimenter des années de propagande jihadiste".
[EDIT 16h53] Ajout communiqué de Christian Estrosi