Fillon et les fonctionnaires : Gérald Darmanin s'auto-embrouille en évoquant "39 heures payées 39"

Publié à 11h36, le 06 janvier 2017 , Modifié à 11h38, le 06 janvier 2017

Fillon et les fonctionnaires : Gérald Darmanin s'auto-embrouille en évoquant "39 heures payées 39"
Gérald Darmanin en pleine contradiction avec la réalité (et avec lui-même) © Montage Le Lab via captures d'écran RTL

TOUT ET SON CONTRAIRE - Ancien supporter de Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin a immédiatement rallié François Fillon après l'élimination de son champion au premier tour de la primaire. Depuis, il est devenu secrétaire général adjoint de Les Républicains et a également intégré l'organigramme de campagne du candidat à la présidentielle : il est membre du "conseil stratégique" mais aussi chargé des "faits, chiffres [et] arguments". Eh bien tout cela ne l'empêche pas de se planter allègrement sur certains points pourtant centraux du programme de son candidat.

Ainsi le maire de Tourcoing a-t-il fermement expliqué, sur RTL vendredi 6 janvier, que François Fillon proposait d'augmenter le temps de travail des fonctionnaires à 39 heures hebdomadaires, mais payées 39. Ce qui aurait été un changement majeur par rapport aux propositions de l'ex-Premier ministre durant la primaire. Ils seraient "payés 39 heures", a d'abord assuré Gérald Darmanin devant l'incrédulité de la journaliste qui l'interviewait, invoquant même les écrits de François Fillon :

 

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Écoutez, pendant tout l'hiver, à force d'écouter les médias, j'ai relu 'mon petit Fillon illustré' comme dirait l'autre, j'ai relu notamment son livre 'Faire' que je vous recommande, et il est bien précisé que ceux qui travailleront 39 heures seront payés 39.

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Or, c'est faux. En réalité, François Fillon a promis "une compensation financière partielle et de meilleures perspectives de carrières" pour les agents passant aux 39 heures, le tout via des "négociations". Mais pas de les "payer 39". Lors du dernier débat avant le premier tour de la primaire, il avait même évoqué l'exemple de "l'entreprise Smart en Lorraine", où une négociation avait abouti à ce que les salariés travaillent "39 heures payées 37" - ce qui ne signifiait pas qu'il voulait imposer cette formule partout. Et comme l'a noté L'Express, son livre Faire ne contient aucune précision sur les conditions de compensation financière du passage de 35 à 39 heures hebdomadaires.

Gérald Darmanin contredit donc François Fillon. Quelques minutes plus tard sur Franceinfo: ce vendredi, Éric Woerth le disait lui-même sans ambiguïté : "Non, ça peut pas être 39 payées 39. Il faut évidemment l'assumer", a expliqué celui qui participe à l'équipe "projet" dans la campagne du vainqueur de la primaire. Et d'ajouter qu'il y aurait toutefois "une augmentation des salaires et des traitements des fonctionnaires" pour compenser : "Il y a des compensations salariales évidemment, il y a des compensations en termes de carrière évidemment, il y a des compensations en termes de conditions de travail."

Gérald Darmanin se contredit d'ailleurs lui-même quelques secondes plus tard. Le dialogue se poursuit en effet avec la journaliste de RTL et l'ancien coordinateur de campagne de Nicolas Sarkozy finit par dire que "non", il ne s'agira pas de "39 heures payées 39" :

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- Gérald Darmanin : [François Fillon] a notamment dit qu'il y a des revalorisations indiciaires qui permettront de permettre [sic] de redonner le pouvoir d'achat conforme à la force de travail des fonctionnaires.



- Élisabeth Martichoux : Donc vous nous le dites ce matin, ça sera 39 heures payées 39 dans le programme de François Fillon ?



- Gérald Darmanin : Mais non, ça sera des revalorisations salariales des fonctionnaires, soit payées par des heures supplémentaires [...], soit par des revalorisations de carrière. Pour les fonctionnaires, il y a des régimes indiciaires ; la fonction publique, c'est un ensemble de façons de payer les gens. Les gens qui travailleront plus seront payés plus.

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Payés plus via des systèmes compensatoires, donc. Ce qui n'a rien à voir avec ses premières affirmations pourtant catégoriques. Une auto-contradiction qui a de quoi interroger, pour quelqu'un chargé des "faits et chiffres" d'une campagne électorale...

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