JE T’AIME, MOI NON PLUS - Entre les candidats à la présidentielle et les médias, c’est un peu (beaucoup ?) "je t’aime, moi non plus". Car cette campagne présidentielle 2017 aura accentué la rupture entre politiques et journalistes, incarnée par le discours de Marine Le Pen et du FN, celui de François Fillon qui refuse de répondre aux questions sur ses affaires ou encore Jean-Luc Mélenchon.
Le candidat de la France insoumise semble d’ailleurs en froid avec un grand nombre de médias. Mais pourquoi la surprise de cette campagne refuse-t-il de répondre à France Inter, Libération ou encore franceinfo: ?
Au Lab, l’entourage de Jean-Luc Mélenchon tient à déminer ce qui pourrait s’apparenter à un boycott en bonne et due forme. "C’est surtout une réalité de l’agenda. On ne peut pas faire campagne uniquement dans les médias", explique-t-on tout en reconnaissant une volonté de "contourner" ces canaux traditionnels. Jean-Luc Mélenchon avait pourtant annulé un meeting pour participer à On n'est pas couché avec Laurent Ruquier sur France 2. Une émission à l'exposition certes très importante.
- Libération ?
"Certains médias, comme Libération, on n’a jamais caché qu’on ne souhaitait plus s’exprimer chez eux", consent l’entourage de l’eurodéputé qui souligne que les porte-parole de Jean-Luc Mélenchon répondent eux au quotidien et que leurs journalistes ne sont pas ostracisés des meetings de la France insoumise.
A l’origine de la brouille ? Un titre de Libération en 2013 sur l’affaire Cahuzac qui disait : "Mélenchon pour la ‘purification’ éthique" .
- Médiapart ?
Dans un billet publié le 10 avril , François Bonnet, directeur éditorial de Mediapart, explique pourquoi, selon lui, Jean-Luc Mélenchon refuse de se rendre à l’émission live "En direct de Mediapart". Selon le journaliste, Jean-Luc Mélenchon n’a pas apprécié leurs "analyses et partis pris" sur la Russie et la Syrie qui "ont fâché" le candidat. "Ces articles nous ont fâché, il y a un vrai désaccord", assume l’entourage de l’eurodéputé qui dément pourtant tout "refus" de participer à cette émission :
"Leurs propositions ne correspondaient pas à notre agenda. Depuis septembre, le mercredi, ce n’est pas jouable, notamment à cause des séances au Parlement européen.
"
"On avait dit OK pour une grande interview mais on n’a pas trouvé de date", ajoute-t-on alors que Mediapart détaille toutes les dates proposées à Jean-Luc Mélenchon depuis près d’un an.
- France Inter ?
Ce jeudi 20 avril, lors de son édito quotidien, Patrick Cohen a lancé :
"Les questions ce matin que nous ne pourrons pas poser à Jean-Luc Mélenchon puisqu’il ne veut plus venir à ce micro. (...) Traquenard, c’est comme ça que vous qualifiez chaque question ou interview un peu piquante.
"
La veille, l’intéressé avait tweeté , après avoir dénoncé "un traquenard" :
"Patrick Cohen veut m’interviewer sans que je sois là… France inter, radio Cohen ? Il reste un service public de la radio ? Respectez-nous !
"
Si l’inimitié entre les deux hommes n’est plus un secret, l’entourage de Jean-Luc Mélenchon fustige "la façon d’inviter qui ressemble à des convocations" mais rappelle que le candidat avait accepté en janvier l’invitation de Léa Salamé à7h50. Et d’ajouter :
"Ce n’est pas possible de faire toutes les matinales.
"
- Franceinfo: ?
Jean-Luc Mélenchon n’aura pas non plus participé de toute la campagne à l’interview politique de la matinale de franceinfo:, là où Clémentine Autain avait découvert en direct que son candidat voulait faire entrer la France dans l’Alliance bolivarienne . La raison invoquée ? "Leur format avec quatre interlocuteurs."
- Quotidien ?
En froid avec l’équipe de Quotidien lorsqu’elle officiait pour le Petit Journal sur Canal+, Jean-Luc Mélenchon est moins fermé depuis que l’équipe est passée sur TMC. "On a maintenant des rapports corrects", jure-t-on tout en précisant qu’il a "répondu à deux reprises" aux journalistes sur le terrain. Mais il refuse bel et bien leur interview en plateau à cause du côté "dérision" de l’émission. Et d’ajouter :
"On n’avait qu’un access prime time donc on a choisi C à Vous.
"
- Politis ?
Sur Twitter ce jeudi, Christophe Kantcheff, le directeur de la rédaction de Politis, journal bien marqué à gauche et plutôt proche des positions de la France insoumise, a lui aussi pesté contre Jean-Luc Mélenchon qui refuserait de leur accorder une interview. "Politis, on a dit non, on ne peut pas répondre à toutes les invitations", esquive l’entourage de celui qui portait les couleurs du Front de gauche en 2012.
Pour Christophe Kantcheff, l’explication se situe dans l’appel de Politis à une candidature commune des deux candidats de gauche mais aussi par leurs critiques contre "certaines de ses positions, sur la Syrie notamment…"
- Valeurs actuelles ?
"On ne fait pas", commente-t-on simplement, consentant qu’il y a là un vrai choix idéologique de ne pas répondre à l’hebdomadaire classé très à droite.