"Arrêtez de parler de l’Allemagne parce que si nous étions en Allemagne, monsieur Fillon, vous pourriez pas être candidat". C’est par cette punchline lors de L’Émission politique de France 2 qu’Aurélie Filippetti avait rappelé à François Fillon l’importance de la morale outre-Rhin. "En Allemagne, on démissionne pour avoir plagié une thèse", avait encore rappelé la députée PS de Moselle pour signifier que la rigueur prussienne n’aurait pas permis à l’ancien Premier ministre de rester candidat à la présidence de la République.
C’est selon ces principes que le ministre des Finances d’Angela Merkel, Wolfgang Schäuble, a dit qu’il "voterait probablement pour [Emmanuel] Macron" et non François Fillon, pourtant candidat du "parti frère" de la CDU. Ce jeudi 20 avril sur RTL, le député de Paris se dit "blessé" par cette prise de position :
"- François Fillon : [Wolfgang Schäuble] a un peu corrigé le tir depuis en expliquant qu’il y avait quand même plus de proximité entre la CDU et Les Républicains. Bon, écoutez, chacun est libre de faire des jugements.
- Journaliste : Ça vous blesse ?
- François Fillon : Oui, un peu parce que j’aime bien Wolfgang Schäuble, que je connais depuis longtemps, donc oui, ça m’a blessé.
"
Ce sont les "attaques à l'égard de la justice et autres choses semblables" proférées par François Fillon en réaction aux révélations sur les emplois fictifs présumés de ses proches qui ont motivé Wolfgang Schäuble à se tourner vers le candidat d’En Marche !. En revanche, ce soutien à l’adversaire venu d’un proche de la chancelière allemande n’a pas poussé François Fillon à questionner et/ou modifier sa stratégie consistant à mettre en cause François Hollande et dénoncer l’existence d’un "cabinet noir" en mode "complot".
On notera également qu'à trois jours du scrutin, Angela Merkel n'a toujours pas appelé à voter pour François Fillon, alors qu'elle l'avait fait pour Nicolas Sarkozy en 2012. "Je sais ce qu’elle pense et je sais de quel côté balance son cœur", avait assuré l'ex-Premier ministre pour sous-entendre que la chancelière le soutenait quand même implicitement.