"Grand un, grand deux" : Bernard Cazeneuve en mode "dissertation de Sciences Po" sur le travail le dimanche

Publié à 11h52, le 29 septembre 2013 , Modifié à 11h55, le 29 septembre 2013

"Grand un, grand deux" : Bernard Cazeneuve en mode "dissertation de Sciences Po" sur le travail le dimanche
Bernard Cazeneuve invité du "Grand rendez-vous", le 29 septembre 2013. (Capture d'écran i>Télé)

VOUS AVEZ DEUX HEURES - Il savait qu'il allait être interrogé dessus. Alors Bernard Cazeneuve a bien planché sur le travail le dimanche, d'actualité ce 29 septembre après que Leroy Merlin et Castorama ont décidé de braver l'interdiction d'ouvrir le dimanche en Ile-de-France par décision de justice.

A tel point que les réponses du ministre du Budget lors de son passage au micro du "Grand rendez-vous Europe1/Le Monde/i>Télé", en mode "Grand un, grand deux", n'ont pas été sans rappeler que le ministre du Budget a étudié dans sa jeunesse l'art de la dissertation à Sciences Po.

L'ancien étudiant de l'IEP de Bordeaux a ainsi appliqué la problématisation et l'annonce de plan à sa réponse aux questions sur le travail le dimanche. On décompose la réponse à la question posée par Arnaud Leparmentier, du journal Le Monde :

Malgré la décision de justice, les consommateurs viennent dans les magasins.

Est-ce que la France peut se payer le luxe d'empêcher les Français de travailler ?

1 - Le rappel de la problématique, ou reformulation de la question posée par les intervieweurs :

Bien plutôt : est-ce que la France peut se payer le luxe, dans un contexte de tensions et d'antagonismes, que les acteurs ne respectent pas le droit ? 

2 - L'introduction, qui permet de rappeler le contexte du sujet et ses enjeux :

Essayons de prendre ce sujet non pas de façon théologique en essayant d'alimenter des oppositions et des antagonismes mais de façon pragmatique.

Il y a une loi qui n'a pas été votée par l'actuelle majorité et qui est une machine a fabriquer des contentieux et des impasses, on le voit d'ailleurs.

Il y a des salariés, c'est vrai, qui veulent travailler. Il y a aussi des consommateurs qui ne peuvent pas consommer à d'autres moments que le week-end. et puis il y a les organisations syndicales qui n'entendent pas que ça se fasse ainsi.

3 - La première partie, avec sa problématique propre :

Est-ce que l'on ne peut pas essayer de trouver sur ce sujet le chemin de la réponse juste ?
Ca veut dire essayer de faire en sorte que quand une décision de justice a été prise, et l'autorité de la chose jugée existe, le droit passe.

Ceux qui n'ont pas obtenu satisfaction auprès des tribunaux respectent la décision des tribunaux.

4 - La seconde partie, précédée d'une transition, et qui se termine par une conclusion et une ouverture :

Grand un. Grand deux, est-ce qu'il est possible, lorsque cela est fait, en signe d'apaisement, de créer des conditions sur des régions particulières, d'essayer d'engager la discussion ?

Moi je préfère de bons compromis pour trouver de bonnes solutions, plutôt que de mauvais débats.

Bernard Cazeneuve ne ferme donc pas la porte à des discussions futures, mais uniquement de façon, il le dit plus tard au cours de l'interview, "périmétrée" :
 
 

Je suis défavorable à la généralisation du travail le dimanche. Et je comprends que les organisations syndicales soitent attachées à ce que nous n'ouvrions pas cette brêche.

Ceci étant, il y a des villes des régions qui sont dans une situation particulière.

Particulièrement friand de la formule "point par point", Bernard Cazeneuve a utilisé le même procédé réthorique en fin d'interview pour détailler la marche à suivre face au Front national:  

1 - Assumer notre politique,

2 - Dire la vérité aux Français,

3 - Ne pas nous préoccuper du prochain sondage d'opinion,

4 - Ne pas vous écouter autant que certains pourraient être tentés de le faire,

5 - Faire en sorte que nos objectifs soient atteints.

BONUS TRACK - ROUND 2

L'interview s'est conclue par un vif échange entre le ministre du Budget et l'intervieweur Jean-Pierre Elkabbach. Le ministre du Budget, qui vient de lancer une pique au journaliste au grand "4" de son point par point, se voit accuser de perdre son sang froid : 

C'est bien, vous arrivez même à vous mettre en colère.

Réplique de Bernard Cazeneuve :

Non ! Je suis passionné !

D'un ton badin, Elkabbach conclut un instant plus tard : 

Merci Bernard Cazeneuve. C'a été mouvementé hein, mais ça va !

Le ministre réplique, faussement affable :

Mais ca n'a pas été mouvementé, ç'a été passionnant ! Ca ne vous gène pas j'espère ?
On n'est pas obligés de tenir des propos émollients, on n'est pas obligés de s'endormir...

Ce n'est pas la première fois que l'ambiance est tendue entre les deux hommes. En mai dernier, Bernard Cazeneuve avait conclut l'émission en reprochant à son intervieweur d'être "d'une perfidie sans limite".

Du rab sur le Lab

PlusPlus