Marion Maréchal-Le Pen souhaite remettre en cause le remboursement "illimité" de l'avortement. Une position qui n’est pas en phase avec le programme présidentiel de Marine Le Pen et qui a valu à la députée du Vaucluse un recadrage de la part de sa tante. Plusieurs cadres du Front national cherchent à minimiser cette polémique : ici, Florian Philippot décrit Marion Maréchal-Le Pen comme "seule et isolée", là son collègue de banc au Palais Bourbon Gilbert Collard estime que "chacun a sa clause de conscience" .
Ce mercredi 7 décembre sur iTélé, David Rachline ne voit pas là une dissonance, mais plutôt une liberté de parole. "On n’est pas tous obligés d’être d’accord au millimètre près", explique le directeur de campagne de Marine Le Pen. Sauf que visiblement, cette liberté de parole sur l’IVG valable pour Marion Maréchal-Le Pen s’applique plus difficilement à d’autres. Alors que plusieurs cadres du FN lui ont apporté mercredi publiquement leur soutien, David Rachline leur a gentiment suggéré de quitter le parti s’ils n’étaient pas d’accord avec Marine Le Pen :
"- David Rachline : On n’est pas tous obligés d’être d’accord au millimètre près. En revanche, c’est vrai que lorsqu’on est un responsable local, on s’attend à ce que les responsables locaux soient en phase avec la présidente du mouvement. On n'oblige personne à être responsable local du Front national. [...] Chacun a son opinion mais il n’y a qu’une seule candidate, il n’y a qu’un seul projet pour l’élection présidentielle, et il y aura qu’un seul programme qui sera appliqué une fois que nous serons au gouvernement. [...] On risque rien, mais simplement il est utile pour nous de rappeler quelle est la ligne politique que défend Marine parce qu’elle est candidate à la présidentielle et je vous dis : pour ce qui est des responsables locaux, on force personne à être responsable local, pour ceux qui sont en désaccord.
- iTélé : Vous forcez personne, ça veut dire qu’il y en a qui peuvent partir ?
- David Rachline : J’ai été clair, je pense.
"
Selon un décompte AFP, au moins sept responsables départementaux du parti (Ain, Allier, Aveyron, Isère, Hautes-Pyrénées, Loire, Puy-de-Dôme) ont apporté leur soutien sur Twitter à la députée du Vaucluse, mais aussi plus d'une dizaine de conseillers régionaux, des conseillers départementaux ou municipaux FN… Le groupe FN au Conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes ou Bruno Lemaire, l'une des chevilles ouvrières du programme économique du parti, ont aussi tweeté leur soutien.
Ils ont été nombreux à reprendre le format lancé dans la nuit par Hervé de Lépinau, conseiller départemental du Vaucluse et suppléant de la benjamine de l'Assemblée nationale :
"une personne seule et isolée" au sein du #FN: ben non, on est déjà 2! Manifestez votre soutien à @Marion_M_Le_Pen ! pic.twitter.com/roZgmKhsCN
— Hervé de Lépinau ن (@HdeLepinau) December 6, 2016
Sur le plateau du 20 heures de TF1 mercredi soir, Marine Le Pen a dit "merci" à Gilles Bouleau "d’évoquer cette petite friction" parce que cela lui permettait de "clarifier" sa position : "Je ne remettrai pas en cause l’accès à l’IVG de quelque manière que ce soit."
[BONUS TRACK]
Sur TF1, Marine Le Pen a mis en lumière un autre désaccord avec sa nièce. Interrogée sur le candidat de la droite François Fillon, qui serait "le plus dangereux" car susceptible de siphonner l'électorat du FN selon Marion Maréchal-Le Pen, la présidente du FN a catégoriquement refusé cette qualification :
"Ah non, je suis tout à fait en désaccord avec ça. Moi, je trouve que Fillon, au contraire, est un très bon candidat. J’ai présenté ma candidature au nom du peuple, lui présente sa candidature au nom du Medef, de la Commission européenne, des banques, de monsieur Schäuble (le ministre de l’économie allemand), qui ont tous été enthousiasmés par le projet de casse social de monsieur Fillon, d’effondrement, de déconstruction de la France. Donc non, non, je me réjouis de ce combat, projet contre projet, où monsieur Fillon va être amené aussi à assumer son bilan.
"
Ce combat a d'ailleurs déjà commencé : Marine Le Pen a prévu de sillonner la France avec un "plan anti-Fillon" .