Raquel Garrido est la nouvelle star de la France insoumise et cela est en partie lié à son poste de chroniqueuse sur C8 dans l'émission de Thierry Ardisson, Les Terriens du dimanche . Chroniqueuse et pas journaliste, notez bien, elle le revendique elle-même. Et tant mieux car sinon, l'ancienne porte-parole de Jean-Luc Mélenchon pourrait être accusée de ne pas respecter les règles les plus élémentaires du journalisme. Comme celle de ne pas anticiper les faits, par exemple.
Et c'est pourtant ce qu'a fait Raquel Garrido, lors du dernier numéro des Terriens du dimanche. Dans l'émission diffusée dimanche 24 septembre, elle a vanté à trois reprises le succès de la manifestation organisée par LFI samedi. Problème : l'émission est enregistrée le jeudi. Lorsque Raquel Garrido vante le succès de la manifestation, la manifestation n'a pas encore eu lieu , comme l’a noté Checknews.fr, le site de la rubrique Desintox de Libération.
L'histoire aurait pu s'arrêter là.
Raquel Garrido aurait pu simplement expliquer que oui, l'émission étant diffusée en différé, il fallait anticiper. Elle aurait également pu avancer que, grâce aux premières remontées de terrain, les réservations de bus par exemple, elle s'attendait à une bonne mobilisation. Ou dire tout de suite qu'en cas d'échec de la mobilisation, la séquence aurait été coupée au montage... Sauf que l'insoumise a pris la mouche et a passé une bonne partie de soirée de mardi à se justifier sur Twitter, faisant preuve d'un talent certain dans la maîtrise de la mauvaise foi.
Cela commence d'abord sur le ton de l'humour. "Scandale du siècle !! J'attends le projet de loi du gouvernement pour interdire les pré-enregistrements dans les conditions du direct !", écrit-elle en réponse à Libération, le tout accompagné d'un emoji pleurant de rire et d'un hashtag peu amène : #guignols.
Et puis cela continue. La chroniqueuse de C8 argue que plein d'émissions sont enregistrées. C'est vrai, quand Patrick Sébastien fait tourner les serviettes en souhaitant une bonne année à tout le monde alors que l'émission est tournée fin novembre, personne ne dit rien. Alors pourquoi on l'embête, elle ? Parce que c'est elle, c'est sûr. Elle réclame à Libé de retirer son article. Libé demande pour quelle raison ils feraient ça. Raquel Garrido rétorque :
"Parce que me traiter de menteuse c'est de la pure diffamation. Vous n'avez qu'un but, me disqualifier (et la manif). Vous faites de l'intox.
"
On est passé à deux doigts d'un "you are fake news". À la place, on a droit à une succession de messages où la mauvaise foi le dispute à l'ironie. Elle écrit :
"Aucune Desintox à l'horizon vu qu'au moment de leur diffusion dimanche, les propos sont tout simplement exacts. J'avais raison.
"
Puis survient ce dialogue de sourds :
"- Raquel Garrido : Ça vous amuse qu'une info véridique soit diffusée à la télé ? Je croyais que votre service était là pour valoriser les vraies infos.
- LibéDésintox : J'espère que vous rigolez, en vrai. Sinon on va finir par prendre un peu peur...
- Raquel Garrido : Vous êtes risible car votre angle ne vise qu'une chose : jeter le doute sur la réussite, pourtant établie, de la marche du 23 septembre.
"
Et cette conclusion, magique :
"Whatever. Au final, quel bilan ? Ce que j'ai dit sur C8 le dimanche 24 septembre était vrai. Et ce que vous écrivez dans Libé ce soir est faux.
"
Tout va bien donc, puisqu'au final, Raquel Garrido a eu raison. Cela n'a jamais été le sujet de Libération, qui s'intéressait plus au côté ridicule de commenter un succès avant de savoir si c'est effectivement un succès. Mais cela a peut-être échappé à la chroniqueuse de Thierry Ardisson.