Lames de rasoir et jupes courtes : ce "jeu" dont François Fillon semble être le seul à souvenir

Publié à 15h55, le 11 mars 2017 , Modifié à 18h34, le 11 mars 2017

Lames de rasoir et jupes courtes : ce "jeu" dont François Fillon semble être le seul à souvenir
François Fillon © MARTIN BUREAU / AFP

Qu'en est-il de ce terrible "jeu" qui aurait agité le Vaucluse il y a quelques années et évoqué par François Fillon mercredi 8 mars, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes ? Cette pratique aurait consisté, pour les garçons, à "envoyer des lames de rasoir au lance-pierres dans les jambes des filles qui portaient des jupes courtes", d'après le leader contesté de LR. Mais difficile d'en savoir plus. Car si le candidat de la droite à la présidentielle en a parlé sur un ton catégorique et témoignage à l'appui, il semble bien être le seul à en avoir eu connaissance

La phrase est en effet passée sous les radars dans un premier temps, avant que Le Dauphiné Libéré et l'émission La Nouvelle Édition (C8) ne s'en saisissent. Le 8 mars donc, au cours d'un forum des "Femmes avec Fillon", l'ancien Premier ministre abordait les discriminations dont peuvent être victimes les femmes et jeunes filles en France, notamment pour "des raisons qui sont idéologiques, religieuses ou en tout cas faussement religieuses". Il a alors cité le courrier que lui avait envoyé "une jeune fille qui habitait dans le Vaucluse", du temps où il était Premier ministre (2007-2012), et qui portait à sa connaissance ce "jeu" sordide.

Voilà ce qu'a déclaré François Fillon :

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Je me souviens, lorsque j'étais Premier ministre, avoir un jour reçu une lettre d'une jeune fille qui habitait dans le Vaucluse. Elle m'expliquait que chez les garçons de son entourage, le jeu qui faisait fureur, c'était d'envoyer des lames de rasoir au lance-pierres dans les jambes des filles qui portaient des jupes courtes. Si ça, c'est un jeu, alors il y a un profond problème d'éducation et de valeurs.

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À revoir dans cette vidéo (à partir de 3'08") :



Problème : peu de gens supposément bien informés à ce sujet ont semble-t-il eu connaissance de ce phénomène. Ni la Direction départementale de la sécurité publique du Vaucluse, ni le groupement de gendarmerie du département ni même le directeur académique, tous interrogés par Le Dauphiné Libéré, n'ont souvenir de ce "jeu" qui, pourtant "faisait fureur" à l'époque d'après le candidat. Le sénateur LR du Vaucluse Alain Milon, fervent soutien de François Fillon, ne sait pas non plus de quoi il s'agit. 

Au siège de Les Républicains dans le Vaucluse aussi, on semble découvrir la chose au téléphone avec la journaliste de La Nouvelle Édition :

Par ailleurs, de rapides recherches Google et Twitter centrées sur cette période ne renvoient vers aucun résultat concluant. On ne trouve que ceci, qui n'a rien à voir avec le sujet qui nous occupe :

Contactés par Le Lab samedi 11 mars pour éclaircir cette histoire, l'attachée de presse de François Fillon et l'un des élus très proches du candidat n'ont pas donné suite à nos sollicitations.

Dimanche 5 mars au JT de France 2, l'ancien chef du gouvernement avait déjà eu un propos des plus étrange, s'indignant que l'on ait "annoncé le suicide de [sa] femme sur des chaînes de télévision". Vérification faite, rien de tel n'avait en réalité eu lieu. De vagues "rumeurs" quant à un éventuel "événement grave" et concernant "la famille" du candidat avaient bien été évoquées sur différentes chaînes, mais on était bien loin d'une "annonce du suicide" de Penelope Fillon. Il s'agissait donc tout simplement d'une bonne grosse intox, ce qui ne gêne absolument pas le très fidèle filloniste Bruno Retailleau.

Une question nous taraude alors : au-delà des troublants parallèles entre les campagnes de Donald Trump aux États-Unis et de François Fillon en France, ce dernier emprunterait-il aussi au premier la fâcheuse habitude d'essayer d'occuper l'espace en donnant de fausses informations ?

Du rab sur le Lab

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