Le groupe d’amitié France-Qatar est particulièrement prisé par les députés. Cinquante-trois membres le composent actuellement, alors que la XIVe législature se termine. Comme d’autres membres de groupes d’amitié, certains députés de France-Qatar n’ont pourtant pas à la base manifesté un grand intérêt pour ce pays. C’est ce que rapporte la journaliste d’Europe 1 Bérengère Bonte dans son livre La République française du Qatar paru chez Fayard le 22 février.
Contacté par l’auteure le 23 mars 2016, Dominique Bussereau a ainsi expliqué, sans rire, les raisons de sa participation au groupe d’amitié. Voilà le très curieux argument qu’a avancé le député Les Républicains de Charente-Maritime :
"Il y a un Qatari qui devait habiter là (en face de chez lui, à Paris, ndlr). J’en voyais tout le temps plein passer là. On les reconnaît facilement avec leur tenue. Du coup, j’ai dit à ma secrétaire : ‘Mettez-moi dans le groupe Qatar’.
"
A deux pas de son bureau à l’assemblée se trouve également l'hôtel Kinski, propriété de l’ancien Premier ministre du Qatar Hamad ben Jassem al-Thani, précise la journaliste. Visiblement peu passionné par le Qatar, le président du Conseil départemental de Charente-Maritime (et président de l’Association des départements de France, ADF), qui ne sera pas candidat aux prochaines législatives pour ne pas cumuler, n’a toutefois pas eu à se forcer. "De toute façon, je vous l’avoue volontiers… je n’ai jamais mis les pieds à ces réunions", a expliqué Dominique Bussereau à la journaliste.
Il faut dire qu’aucun rapport de mission ni "activité récente" ne figurent sur le site de l’Assemblée nationale, contrairement à certains groupes d’amitié. "Les archives en ligne ne citent pas une fois le groupe France-Qatar dans les comptes rendus des missions d’information réalisées à l’étranger ou des réceptions de délégations durant les quatre dernières législatures", détaille Bérengère Bonte.
Selon la journaliste d’Europe 1, le groupe Qatar "ne coûte pas un euro à l’Assemblée, les voyages étant entièrement financés par Doha". "Le secrétaire administratif n’accompagne d’ailleurs pas la délégation et ne fait pas de compte rendu, comme pour bien marquer cette distance", écrit Bérengère Bonte. Il n’empêche : jusqu’en 2013, les membres du groupe d’amitié étaient presque assurés d’un week-end chaque année au Forum de Doha, poursuit-elle. Voilà peut-être pourquoi ce groupe d’amitié était l’un des plus prisés. Et ce même si les députés interrogés par l’auteure du livre jurent ne pas avoir eu connaissance de cette possibilité de déplacement. "Hasard complet", a plaidé l’un d’entre eux. "Initiative personnelle de ma secrétaire", a avancé un autre. On a connu des arguments plus solides.