Comment faire payer des impôts en France aux grandes multinationales du web ? La question est relancée ce jeudi 11 août avec les révélations du Parisien sur le montant de l’impôt payé en France par Airbnb. Car la plateforme, qui s'est enorgueilli en juillet d'avoir passé la barre des 10 millions de voyageurs accueillis par un hôte français depuis 2008, n'a payé que 69.168 euros d'impôts dans l’hexagone en 2015, détaille le quotidien.
Un montant faible qui a choqué le député PS Yann Galut. Pour ce membre de la commission des finances de l’Assemblée nationale, ce chiffre est "hallucinant" et d’une "absurdité totale". Au Parisien, l’élu spécialiste de la fraude fiscale explique vouloir voir Bercy obliger Airbnb à payer "un juste impôt en France ". Il explique :
"Il est urgent que Bercy mais aussi nous les parlementaires puissions doter l’administration fiscale des outils juridiques pour obliger Airbnb à acquitter un juste impôt en France.
"
Et de poursuivre :
"Je souhaite que Bercy examine la situation fiscale d’Airbnb. Ensuite, j’entends faire avancer les choses dans le cadre de la discussion budgétaire. Je proposerai des amendements pour qu’Airbnb ne puisse plus contourner la législation française. (…) Aujourd’hui, l’énorme défi auquel nous sommes confrontés, ce sont les entreprises. Si les multinationales acquittaient un impôt raisonnable – et elles en ont les moyens ! – nous n’aurions pas de problème de déficit budgétaire.
"
Le site de location de logements entre particuliers ne fait rien d'illégal mais pratique l'optimisation fiscale, explique Le Parisien qui a pu consulter les comptes de la société : quand ils paient les services d'Airbnb en France, les clients versent l'argent à deux sociétés étrangères, l'une irlandaise, l'autre britannique. Alors que l'activité d'Airbnb a explosé en France (plus important marché de la plateforme après les Etats-Unis) ces dernières années, la plateforme a même réussi grâce à des techniques comptables à payer en 2015 moins d'impôts que l'année précédente, ajoute le quotidien.
Airbnb et d'autres multinationales américaines comme Google, Amazon ou Facebook sont régulièrement accusées de vouloir échapper aux impôts en choisissant de s'installer dans des pays où la fiscalité leur est plus favorable et la lutte contre l'optimisation fiscale est devenue un cheval de bataille pour plusieurs capitales.