#MULTIPLEXPOLITIQUE – C’est dimanche, et comme chaque dimanche, c’est le jour de notre multiplex politique. Tout au long de la journée et des interviews politiques dominicales, le Lab se plie en quatre (voire plus) pour vous proposer ses morceaux choisis de ces rendez-vous qui lancent la semaine politique.
Au programme de ce 10 avril : François Fillon, Ségolène Royal, Marie-George Buffet, Valérie Pécresse et Julien Dray.
- Deuxième partie
>> Julien Dray, BFM politique
#Synthèse
Son amitié avec François Hollande déteindrait-elle sur son champ lexical ? Sur BFMTV, Julien Dray parle de l'avenir de la gauche. Pour lui, celle-ci doit faire une "synthèse" et pas n'importe laquelle:
"Ma synthèse, elle va d'Emmanuel Macron à la Nuit Debout.
"
Le conseiller régional d'Ile-de-France explique que la gauche a toujours abrité des sensibilités diverses. Il en réfère à son histoire personnelle :
"Quand Mitterrand a pris le Parti socialiste en 1971, moi j'étais de ceux qui le traitaient de Versaillais [...] La gauche a toujours eu ces nuances-là. C'est comme ça qu'on a réussi à faire le 10 mai 1981 ou à faire le gouvernement de la gauche plurielle en 1997.
"
Réconcilier le ministre qui voulait supprimer les 35 heures et la jeunesse anti-loi El-Khomri : voilà le défi de la gauche pour 2017, selon Julien Dray.
#You’re wrong Laurence
C’est le tacle entre camarades PS du jour. Julien Dray s’exprime sur l’influence du salafisme parmi la population musulmane en France. L’ex-député de l’Essonne tient à ce qu’on n’assimile pas "les millions de musulmans qui vivent sur le territoire français" à une minorité salafiste.
Ce disant, il en profite pour effectuer une précision lexicale :
"Il n’y a pas de Franco-musulmans. Il y a des Français. Point, à la ligne.
"
Cette phrase somme toute anodine est une réponse déguisée à Laurence Rossignol, la ministre des Familles, qui a évoqué mercredi 30 mars sur BFM TV (au même moment que sa sortie sur les "nègres américains") la situation des "Franco-musulmans".
Pour rappel, Julien Dray et Laurence Rossignol ont tous les deux participé à la création de SOS Racisme avant de militer ensemble pendant de nombreuses années, au sein du courant "Gauche socialiste" du PS. Ambiance, ambiance entre compagnons de route.
#Programmeoutai
Les places d'abord, le programme ensuite. Dans le débat tendu qui met aux prises Julien Dray et Julien Bayou, porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts, le socialiste développe un argument étonnant. Alors que l'écologiste accuse la gauche gouvernementale de ne pas avoir respecté les engagements de 2012, Julien Dray souhaite revenir sur cette échéance :
"Qu'est-ce qui a manqué dans l'affaire de 2012 ? C'est la responsabilité de toutes les formations politiques, pas seulement du Parti socialiste. C'est qu'il n'y avait pas un contrat clair de gouvernement.
"
Julien Bayou s'étonne et rétorque qu'il y avait "60 engagements" de François Hollande. Julien Dray reconnaît que ce programme n'a pas été suffisamment pensé, contrairement à l'attribution des places entre les différentes formations de la gauche :
"Tu sais comme moi comment ça a été fait. On parlait beaucoup plus de l'attribution des sièges de députés que de la tenue du programme.
"
Torts partagés donc entre le Parti socialiste et EELV pour Julien Dray. Ils n'ont pas assez réfléchi au programme de gouvernement car ils avaient mieux à faire: négocier sur les circonscriptions.
Rappelons que 60 circonscriptions avaient été réservées à EELV par le PS. 18 députés écologistes avaient été élus aux élections législatives.
>> Valérie Pécresse, Cpolitique, France 5
Les manifestations de Nuit debout ont dégénéré samedi 9 avril . Des centaines de manifestants ont tenté de rallier le domicile de Manuel Valls avant d'être bloqués par les forces de l'ordre qui ont utilisé des gaz lacrymogènes. Ces événements n’ont pas plu à Valérie Pécresse, qui se définit elle-même comme "militante de l’antiviolence". La présidente de la région Ile-de-France s’est *étonnée* de l’absence de condamnation de ces violences par les membres du gouvernement :
"Je pense qu’ils [les membres du gouvernement] ont peur d’un mouvement qui est né de l’insatisfaction d’une partie de la gauche face aux mensonges de François Hollande [...] et son absence de résultats. [...] Je n’entends pas de condamnation sans faille, ferme, définitive. Je n’ai pas entendu la ministre de l’Education nationale. Aujourd’hui nous avons besoin qu’une certaine forme d’ordre soit respectée.
"
- Première partie
>> François Fillon, le Grand rendez-vous, Le Monde/Europe 1/ iTélé
#Remake
Samedi, François Fillon a estimé dans Le Monde qu’il serait "difficile pour Sarkozy de se présenter". Ce dimanche, il assume et ajoute même que "c’est une évidence". Il dit :
"C’est une évidence que chacun peut constater en sortant devant chez lui. Les Français ne veulent pas qu’on leur impose en 2017 le même match qu’en 2012. Et leur proposer les mêmes candidats qu’en 2012 c’est inacceptable. Ça veut dire que les cinq années qui viennent de s’écouler auront été cinq années pour rien.
"
François Fillon ne veut donc pas d’un match retour entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Plus globalement, avec les candidatures de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ou encore Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, de nombreux candidats à l’Elysée en 2012 ont décidé de remettre le couvert en 2017.
#Pas de starlette dans ma team
Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, a lancé sa petite entreprise politique avec son mouvement "en Marche". Est-ce acceptable de voir un ministre en exercice se lancer ainsi ? François Fillon croit que non. S’il était Premier ministre d’Emmanuel Macron, l’ancien chef du gouvernement de Nicolas Sarkozy affirme qu’il "n’accepterait pas" une telle "aventure personnelle". Il dit :
"Je ne pense pas que j’accepterais qu’un membre de mon gouvernement conduise une aventure personnelle contraire aux engagements du président de la République.
"
Sur le fond de la démarche d’Emmanuel Macron, François Fillon trouve que "le diagnostic qu’il fait est parfait" mais "cruel" pour François Hollande. Mais il regrette qu’il ne mette pas en accord ses actes et ses paroles. "Qu’a fait Macron depuis qu’il est au gouvernement ?" s’interroge le député LR de Paris, soulignant que, s’il avait des velléités présidentielles, l’iconoclaste ministre ne serait "pas un candidat de gauche".
>> Ségolène Royal, le Grand Jury, RTL/LCI/Le Figaro
#Nuit Debout
Critiqué à droite, sauf par NKM, le mouvement Nuit debout né place de la République à Paris gêne un chouia la gauche qui ne sait sur quel pied danser, entre soutien et risque de récupération. Si Jean-Christophe Cambadélis s’y est pointé incognito, sans être reconnu , Ségolène Royal, elle, a préféré ne pas montrer le bout de son nez. Elle explique :
"Je ne suis pas allée place de la République mais je me suis tenue régulièrement informée. Je suis en liaison avec des jeunes qui y sont. Si, j’en aurais envie (d’y aller, ndlr) mais les jeunes n’aiment pas la récupération politique.
"
Et de souligner la filiation entre ce mouvement et sa démarche de démocratie participative lancée en 2007 lorsqu’elle candidatait à l’élection présidentielle :
"Dans les échanges qui ont lieu à République, il y a quelque chose qui ressemble fortement à la démocratie participative. Ils sont constructifs.
"
#Calomniez, calomniez
132 millions d'impayés. C'est ce qu'il ressort de l'audit mené par Ernst & Young concernant l'ex-région Poitou-Charentes, présenté le 7 avril par le nouveau président PS de la Grande Aquitaine, Alain Rousset. De quoi profondément énerver l'ancienne présidente de Poitou, Ségolène Royal, qui a d’abord livré comme explication un problème informatique .
De nouveau interrogée sur ce trou budgétaire, la ministre de l’Ecologie a assuré que tout cela est "faux". "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose", dit-elle y voyant une "vieille grosse ficelle politicienne" qui consiste, pour "tout nouveau dirigeant", "à noircir le tableau de son prédécesseur, y compris avec des chiffres faux".
"Tout ça est faux", insiste l’ancienne présidente de la région Poitou-Charentes, dénonçant une "diffamation" et affirmant être "en train de regarder" si elle peut porter plainte. "Je me réserve les droits de donner suite, les travaux sont en cours", ajoute-t-elle.
>> Marie-George Buffet, le 12/13 dimanche, France 3
#OudéaDémission
Les révélations des Panama Papers montrent la création de 975 sociétés offshore par la Société Générale entre 1977 et 2015. En 2012, le patron de la banque, Frédéric Oudéa, avait pourtant déclaré devant les sénateurs que la Société générale avait "fermé ses implantations" dans les paradis fiscaux mais aussi à Panama.
Raison suffisante pour demander sa démission, selon la députée PCF Marie-George Buffet :
"Je demande d'abord qu'il démissionne et qu'il y ait des suites judiciaires. [...] Je me bats contre les expulsions dans ma circonscription, il n'y pas de pitié pour les braves gens.
"
Et l’ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports d’ajouter :
"Vous avez entendu le ministre du Budget se fâcher là-dessus ? En 2008, l'argent public a sauvé les banques françaises, il faudrait qu'elles aient la reconnaissance du ventre.
"
Le 6 avril, le sénateur communiste Éric Bocquet, rapporteur de la commission, a annoncé que son groupe allait "saisir le bureau du Sénat" en vue de poursuivre en justice Frédéric Oudéa pour faux témoignage.
#Assumez, les frondeurs
Tout semblait bien parti pour la loi El Khomri. La première version avait ravi la droite, à défaut de convaincre toute la gauche. Mais le texte modifié par le gouvernement après les revendications sociales ne convient plus à grand monde. La droite devrait voter contre, tout comme la gauche de la gauche, comme l’explique Marie-George Buffet. La députée de Seine-Saint-Denis estime qu’il est désormais possible d’avoir une majorité… de votes contre. Et pour cela, le groupe Front de gauche a besoin des frondeurs. Elle dit :
"Nous les députés du front de gauche on va se battre. [...] Les frondeurs, il faut qu’ils se battent jusqu’au bout avec nous. Et si vraiment on arrive à convaincre, à élargir, oui on peut aller trouver une majorité.
"
L’élue communiste exhorte les députés socialistes frondeurs à assumer jusqu’au bout leur opposition au gouvernement à travers des "actes concrets" :
"Il peut y avoir une majorité s'il y a de l’audace sur les bancs de gauche de cette assemblée. Les derniers votes auxquels j’ai assisté me mettent un doute parce qu’il y a quelques votes contre la loi, par exemple, de réforme du déroulement de l’élection présidentielle. Et beaucoup de frondeurs ont voté pour cette loi, donc j’ai envie de dire : on ne peut pas tenir un discours et ne pas le faire suivre d’actes concrets. Et vraiment, voter contre la loi El Khomri, c’est un acte concret.
"