Manuel Valls écrit à François Hollande pour lui demander de désavouer Christiane Taubira

Publié à 11h11, le 13 août 2013 , Modifié à 11h50, le 13 août 2013

Manuel Valls écrit à François Hollande pour lui demander de désavouer Christiane Taubira
Manuel Valls et Christiane Taubira à Matignon, en octobre (photo MaxPPP)

Le 25 juillet, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a pris la plume pour se plaindre, auprès de François Hollande, du projet de réforme de la procédure pénale porté par sa collègue du gouvernement, Christiane Taubira, révèle Le Monde, qui publie le texte de la missive, ce 13 août, sur son site internet. 

Selon Manuel Valls, qui présente au chef de l'Etat des "contre-propositions" sur le sujet, tout est à jeter dans ce projet : la méthode, et le fond.

Paradoxe : le ministre de l’Intérieur, qui est fréquemment accusé de "faire du Sarkozy", va jusqu’à accuser Christiane Taubira de "reproduire les méthodes de l’ancien gouvernement" en faisant "de la loi pénale un vecteur de communication politique" - comprendre : de faire du Sarko.

Sur la méthode, d’abord, voilà ce qu’écrit Manuel Valls : 

Ce projet de loi repose sur un socle de légitimité fragile, la conférence de consensus (…)

La somme de connaissances accumulées ne reflète pas tous les courants de pensées.

[Et les conclusions du jury ont fait l’objet de] fortes réserves au sein même de la magistrature.

Sur le fond, Manuel Valls ne veut rien lâcher sur le dossier des peines planchers ou sur la construction de nouvelles prisons. Il écrit à François Hollande :

Ce projet de loi part d'un premier postulat que je ne peux intégralement partager : la surpopulation carcérale s'expliquerait exclusivement par le recours 'par défaut'à l'emprisonnement et par l'effet des peines planchers. 

En "on", au Monde, Christiane Taubira se montre très agacée par la missive envoyée par Manuel Valls, qu’elle a rencontré à plusieurs reprises fin juillet et qui ne lui en a pas touché mot. 

Elle reproche clairement à Manuel Valls de sortir de son champ de compétence :

Je ne peux que m'étonner qu'un tel document ne m'ait pas été communiqué (…)

D'autant qu'il comporte des propositions de réforme du droit de la peine, domaine qui ne ressort d'aucune façon aux compétences du ministre de l'intérieur. 

Dans une réponse plus formelle, envoyée début août par Christiane Taubira à l'Elysée, la garde des Sceaux se livrait à un double exercice : celui, classique, de la défense de la légitimité de son projet, tant sur le fond que la forme ; un autre, plus inédit : un "fact-checking" des chiffres cités par le ministre de l'Intérieur, qu'elle juge "erronés" et présenté de manière "tendancieuse".

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