Manuel Valls, ou l'anaphore tranquille

Publié à 17h14, le 23 avril 2013 , Modifié à 17h50, le 23 avril 2013

Manuel Valls, ou l'anaphore tranquille
Manuel Valls à l'Assemblée nationale. (Reuters)

FIGURE DE STYLE– C’était il y un an, (presque) jour pour jour, sur le plateau du débat Nicolas Sarkozy-François Hollande.

En martelantà seize reprises un "Moi, président, je ...", François Hollande faisait entrer l’anaphore dans le langage courant.

Depuis, ça a été un véritable festival de détournements, de plus ou moins bon goût. Jusqu’à l’overdose.

Mais visiblement, pour Manuel Valls, l’anaphore est tout sauf has been.

A deux reprises, ce mardi 23 avril, le ministre de l’Intérieur, ancien directeur de la communication du candidat Hollande, a usé de la figure rhétorique, lors de la session des Questions aux gouvernements.

Première figure visée: Valérie Pécresse, députée UMP des Yvelines, qui interroge le ministre de l’Intérieur à propos de l’agression d’usagers du RER, à Grigny, Manuel Valls se lève du banc des ministres, attrape le micro, puis tance, à huit reprises :

Même vous, même vous…  vous enfourchez le cheval de la démagogie, de la mise en cause de la justice,

Même vous, qui avez été ministre, qui avez gouverner, vous mettez en cause ici la justice, les magistrats qui sont indépendants,

Même vous, vous vous attaquez à l’Etat de droit,

Même vous, vous mettez en cause cette justice qui, comme vous le savez, agit de manière indépendante,

Même vous, parce que vous êtes candidate à la région île de France, vous mettez en cause l’Etat de droit,

Même vous, alors que vos collègues, il y a quelques jours, s’attaquaient aux forces de l’ordre, faisant leur travail, vous venez ici nous donner des leçons,

Même vous, madame Pécresse

Ca suffit, ça suffit cette démagogie, ça suffit cette démagogie qui n’arrête pas de nous créer ce climat dans notre pays…

On notera au passage que le fond n'importe pas vraiment pour réussir son effet: à plusieurs reprises, la fin des propositions est la même, et Manuel Valls ne fait que des variations autour de l'Etat de droite.

Voici la vidéo de ce moment, isolée par FTVi:

Rebelote quelques minutes plus tard.

Pour répondre à une question du député Etienne Blanc sur le mariage homo, et qui accuse le gouvernement "d’humilier une partie des Français", Manuel Valls dégaine:

De quelle humiliation parlez-vous ? Depuis des mois, le pays s’est saisi d’un débat. L’Assemblée et le Sénat discutent depuis des semaines ! (…)

 
De quelle violence parlez-vous ? Sinon de ceux qui contestent la légitimité du président, du Sénat, de l’Assemblée, des parlementaires ?!

 
De quelle violence parlez-vous ? Sinon de celle des groupes extrémistes d’extrême droite qui, à Paris et à Lyon, s’en prennent aux institutions de la République ?!
 

De quelle violence parlez-vous ? Sinon de celle qui s’en prend à des couples homosexuels ?!
 

De quelle violence parlez-vous ? De ces groupes qui s’en prennent par des menaces directes à des parlementaires de la République, de gauche et de droite, pour qu’ils ne votent pas cette loi ?
 
De quelle violence parlez-vous ? Sinon de ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre ?!
 
Alors monsieur le député respectez les institutions de la République etfaites en sorte que l’apaisement revienne !

Voici la vidéo de cette deuxième anaphore du jour :

>> Bonus-track:

Les archives (récentes) du Huffington Post montrent que le ministre de l'Intérieur est décidément très coutumier du genre.

En janvier, déjà, il égrénait un "Ce qui est insupportable", lors d'une visite à Mulhouse 

Du rab sur le Lab

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