Souvent, au sein de La France insoumise, la position de la députée Danièle Obono détonne. Un nouvel exemple a été donné le 24 novembre dernier lorsque, sur Sud Radio, l'élue de Seine-Saint-Denis a défendu le concept des stages en non-mixité raciale . Un avis qui tranche avec la majorité de son mouvement politique, plutôt opposée à ce genre de séparation. "Si on rentre dans un système, fût-ce au nom du fait qu’il y a des discriminations qu’il faut combattre, où des réunions sont ouvertes à certains et pas à d’autres, je crois que nous avons perdu", avait par exemple commenté Alexis Corbière sur ce sujet.
Sur France 2 ce jeudi 30 novembre, au cours de L'Émission politique, Jean-Luc Mélenchon est invité à réagir à la position de Danièle Obono sur ce point précis . Une élue absente du plateau de France Télé mais finalement présente dans beaucoup de conversation.
Le député des Bouches-du-Rhône, en ce qui le concerne, est contre l'organisation de tels ateliers. "Je suis choqué même par l'idée qu'on puisse appeler une réunion 'racialisée'. Je ne crois pas à l'existence des races", dit-il. Pour autant, pas question pour Jean-Luc Mélenchon de désavouer sa collègue députée qui, comme il répète, "pense ce qu'elle veut" :
"Je ne ferai pas la police politique. Ce n'est pas la peine de m'appeler toutes les cinq minutes 'dictateur' pour ensuite s'étonner du fait que n'ai pas encore foutu dehors la moitié du groupe qui ne pense pas comme moi. Parce que sur des tas de sujets, nous ne pensons pas tous de la même manière. Ça s'appelle un mouvement. […] La ligne politique de la France insoumise, c'est son programme et ses livrets. Je ne ferai pas ce que vous voulez me faire faire, c'est-à-dire décider que ceci est acceptable et cela ne l'est pas. Est-ce que la position de Danièle Obono est une position raciste ? La réponse et 'non'. Danièle Obono n'est pas une raciste.
"
En résumé, Jean-Luc Mélenchon ne partage pas la position de Danièle Obono sur les ateliers en non-mixité raciale mais il l'accepte et la respecte. Il la comprend même. "Il y a plein de gens qui ont souffert de racisme, de la discrimination, qu'ils éprouvent une espèce de sentiment réconfort parfois à se retrouver ensemble. Ça c'est l'échec de la République", estime l'élu de Marseille.
Sur Sud Radio, Danièle Obono avait expliqué que, selon elle, "la pratique de la non-mixité n'est pas dangereuse dans le sens où c'est une pratique qui répond, à un moment donné, à des besoins d'une catégorie". "Les personnes qui sont victimes de violence sur un certain nombre de questions vont avoir besoin de dire qu'il va falloir qu'on puisse discuter en se sentant en confiance. Du coup, il faut le faire avec des personnes avec lesquelles on s'identifie, comme partageant le même type de problèmes. Dans ce cas-là, c'est plus un outil pédagogique pour pouvoir libérer la parole plus facilement", disait-elle.
Selon Marianne , citant un député LR qui avait assisté à la scène, les deux insoumis se sont invectivés le 21 novembre à l'Assemblée alors que le sujet de la non-mixité était évoqué dans l'hémicycle. "Obono met la main sur l’épaule de Mélenchon et lui dit quelque chose. Mélenchon se retourne et ils s’engueulent pendant deux ou trois minutes", raconte un élu anonyme.