Mélenchon à "L'Émission politique" : LFI accuse France 2 d'avoir caché l'identité politique (libérale et macroniste) de deux invitées

Publié à 07h25, le 01 décembre 2017 , Modifié à 15h24, le 01 décembre 2017

Mélenchon à "L'Émission politique" : LFI accuse France 2 d'avoir caché l'identité politique (libérale et macroniste) de deux invitées
Laurence Debray, Jean-Luc Mélenchon et Pazuline Laigneau sur le plateau de "L'Émission politique", jeudi 30 novembre © Montage le Lab via France 2

Il est rare qu'un numéro de L'Émission politique se déroule sans que France 2 se retrouve accusée d'avoir caché la véritable identité politique de certains de ses intervenants, et plus précisément les engagements militants de ces *Français lambdas* amenés à interpeller l'invité principal de l'émission. Et cela a de nouveau été le cas, jeudi 30 novembre, pour la venue de Jean-Luc Mélenchon en plateau.

Durant L'Émission politique ou juste après, le compte Twitter officiel de La France insoumise, un ancien responsable de la communication numérique de la campagne de Jean-Luc Mélenchon mais aussi le politologue Insoumis Thomas Guénolé ont ainsi reproché à la chaîne publique d'avoir présenté de manière biaisée et parcellaire Pauline Laigneau et Laurence Debray. Ils estiment que la première, patronne de PME en vue, est avant tout une "représentante de l'ultralibéralisme" quand la seconde, fille de l'intellectuel Régis Debray, serait surtout une "ex-banquière macroniste" :

Sans s'en prendre expressément à ces deux invitées et à leurs pedigrees, le député LFI Adrien Quatennens et la cadre insoumise Charlotte Girard ont pour leur part vu dans cette émission un "traquenard" ou un "ignoble quet-apens" :

France 2 se voit donc reprocher d'avoir omis d'évoquer les idées clairement libérales de l'entrepreneure Pauline Laigneau, elle qui est par exemple favorable au fait de "jeter aux orties le code du travail [et les] 35 heures", comme elle l'écrivait dans un point de vue dans Le Point en janvier 2016. Quant à son petit auto-portrait publié sur Atlantico en août 2015 (mis en avant par LFI comme la preuve de son "ultralibéralisme"), il ne mentionne clairement aucune des idées politiques de la cheffe d'entreprise, mais plutôt son parcours universitaire, de sa scolarité à Normale Sup à son échec au concours d'entrée à l'ENA.

Mais c'est surtout sur Laurence Debray que se concentrent les attaques de LFI. Son échange avec Jean-Luc Mélenchon sur le Venezuela a été extrêmement tendu, le candidat à la présidentielle lui reprochant dès les premières secondes de l'avoir "tapé il y a pas longtemps assez sauvagement dans un article", avant de monter crescendo pour finir par l'accuser de "mentir" et de servir des "éléments de langage" pro-américains sur le régime de Nicolas Maduro.



Sur Twitter, les Insoumis se basent essentiellement sur un article du JDD du mois d'octobre, qui la présente comme une "ex-banquière et macroniste", quand la journaliste Léa Salamé l'avait simplement introduite en plateau de la sorte : "Vous êtes historienne, écrivain [...]".

L'article du JDD en question la décrit de fait comme "aujourd'hui macroniste assumée, 'aux deux tours de la présidentielle'". Une information que l'on retrouve aussi dans un papier du Point qui précise qu'elle a "évidemment [voté] Macron aux dernières élections". Idem dans un portrait dans Causeur, qui ajoutait cependant que Laurence Debray "reste en retrait" de la chose politique. Si elle a donc glissé deux bulletins Macron dans les urnes au mois de mai dernier, elle n'a en revanche à notre connaissance eu aucun engagement militant en faveur du candidat à la présidentielle.

Quant à son passé de "banquière", il est effectivement dit dans sa fiche Wikipedia qu'elle "a travaillé comme trader à Wall Street, pour le Crédit lyonnais et HSBC". Son activité passée "dans la finance" ou dans "les salles de marché" est aussi mentionnée dans les divers articles de presse à son sujet. C'est en revanche pour son expérience du quotidien au Venezuela, où elle a vécu et où une partie de sa famille vit encore (sa mère est l'historienne vénézuélienne Elizabeth Burgos), qu'elle était invitée sur France 2 ce jeudi.

En mai 2016 déjà, France 2 avait été accusée par les partisans de Jean-Luc Mélenchon de ne pas avoir présenté honnêtement deux des contradicteurs de leur champion à Des paroles et des actes. Il s'agissait alors d'un boulanger, dont il n'était pas précisé qu'il était fournisseur de pain de l'Élysée en 2010 et 2015 après avoir été désigné lauréat de la meilleure baguette de la ville de Paris, et d'une agricultrice dont le rôle de représentante du syndicat des Jeunes Agriculteurs, lié à la FNSEA, n'avait pas été évoqué.



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[EDIT 15H]

Après l'indignation, la réaction. Le politologue membre de LFI Thomas Guénolé annonce via Twitter qu'il a, "par la voix de [s]on avocat, Me Jérémy Afane-Jacquart, déposé ce jour une plainte au CSA contre France 2 pour ses fausses 'Françaises lambda', en réalité politisées". "Trop, c'est trop", écrit-il.

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