"Super-Montebourg", Montebourg l'hyperactif, "MRP" … le ministre du Redressement productif est très visible depuis le début du quinquennat. "A ce rythme, je ne lui donne pas six mois", déclarait un de ses interlocuteurs patronaux, selon le Canard enchaîné. Chez les patrons, à Bercy, à Matignon … le très actif ministre agace.
"Arnaud Montebourg est-il isolé ?", s'interroge Mediapart. Pas vraiment. Le ministre a un allié de poids : l'Elysée. Pourquoi le ministre est-il bien vu par François Hollande ? Réponse en cinq points.
Hollande : "Sur la finance, ce sont Aquilino, Montebourg et Ségolène qui ont eu raison"
Sur mediapart.fr
Dès le début de sa campagne présidentielle, après l'investiture du Parti socialiste, François Hollande admettait une certaine proximité avec Arnaud Montebourg. Sur l'un de ses sujets phares, la finance, le candidat du PS donnait raison à celui qui avait récolté 17% lors de la primaire. Dans le Journal du dimanche, François Hollande confiait que, "sur la finance, ce sont Aquilino, Montebourg et Ségolène qui ont eu raison".
Un accord qui se traduit aujourd'hui par une bonne entente alors que le ministre est sous le feu des critiques, de la part des patrons, de l'opposition, mais aussi de ses collègues ministres. Alors qu'Arnaud Montebourg agace, avec l'Elysée, ça colle. Pourquoi ? Dans un article consacré au "MRP", ministre du Redressement productif, Mediapart livre quelques pistes.
>> Un proche auprès de Hollande
Entre François Hollande et Arnaud Montebourg, il y a une passerelle directe : Aquilino Morelle. Le très écouté conseiller politique de François Hollande est un proche du ministre. Il était son directeur de campagne pendant la primaire. "C’est chez Aquilino que nous nous sommes retrouvés, François Hollande et moi, pour notre alliance au second tour des primaires", dira Montebourg.
>> Même position sur PSA
Sur les 8.000 suppressions de postes chez PSA à Aulnay-sous-Bois, François Hollande et Arnaud Montebourg ont une position similaire. Offensive, tranchante et interventionniste. Ils utilisent les mêmes mots, explique Mediapart. Lors de son entretien télévisé du 14-Juillet, le chef de l'Etat qualifie "d'inacceptable" le plan de PSA. "L'Etat ne laissera pas faire", lance-t-il alors, accusant le constructeur automobilise de "mensonge" sur l'annonce du plan social.
>> Le Président lui donne raison sur l'affaire du Stif
Arnaud Montebourg a été particulièrement offensif dans l'affaire des centres d'appels du Stif. Il avait critiqué ouvertement son camarade socialiste, Jean-Paul Huchon. Sur Europe 1, le ministre du Redressement productif demandait au président de la région de faire marche arrière : "J'ai dit à Jean-Paul Huchon qu'il était utile de reconsidérer la décision en remettant l'appel d'offres sur le métier[...] Nous nous battons pour les relocaliser, ce n'est pas pour accepter qu'on les délocalise". François Hollande lui avait donné raison.
>> Quand Hollande se déplace, il le prend dans sa voiture
Comme le raconte Mediapart, quand François Hollande se rend sur les points chauds sociaux, c'est Arnaud Montebourg qu'il prend dans sa voiture. Le 27 juillet, lors de sa visite chez l'équipementier Valeo, le chef de l'Etat embarque avec lui à La Verrière, dans les Yvelines, le ministre du Redressement productif et Benoît Hamon. "Il a pris Montebourg dans sa voiture et Hollande a eu des paroles agréables pour lui", témoigne le député Thierry Mandon, relayé par Mediapart.
>> "Colbertistes sur la question industrielle"
Arnaud Montebourg et François Hollande, c'est également une même vision de la politique industrielle. "Colbertiste", indique Paul Alliès, proche d'Arnaud Montebourg. Un Etat fort, un protectionnisme "éducateur", des aides à l'exportation … "Plus de puissance publique, moins de libéralisme", théorise le ministre. Il y a un phasage ancien avec François Hollande sur la volonté d’être colbertiste sur la question industrielle", raconte l'ancien adjointe d'Arnaud Montebourg à Mediapart.