Motion anti-migrants en Paca : Cosse s’en prend à Estrosi qui a "oublié" qu’il avait été élu avec les voix de la gauche

Publié à 10h34, le 04 novembre 2016 , Modifié à 11h49, le 05 novembre 2016

Motion anti-migrants en Paca : Cosse s’en prend à Estrosi qui a "oublié" qu’il avait été élu avec les voix de la gauche
© AFP

Le conseil régional de Paca, présidé par Christian Estrosi (Les Républicains) a adopté jeudi 3 novembre une motion présentée par sa majorité contre l'accueil de migrants, votée également par l'opposition FN, qui n'en a pas moins crié au "plagiat". "Accueillir plus de 1.000 clandestins d'ici à la fin 2016 semble à la fois irréaliste et irresponsable", énonce le texte, qui prévoit que les présidents d'exécutifs locaux "soient saisis" et "puissent s'opposer" à l'accueil de migrants clandestins et soutenir les communes qui s'y opposent.

Depuis les régionales de 2015, la Région Paca ne compte plus que des conseillers régionaux de droite et d'extrême-droite. Une situation due au retrait du candidat PS Christophe Castaner au nom du Front républicain. Logiquement opposée à la motion, la ministre du Logement Emmanuelle Cosse ne s’est pas privée, sur France 2 ce vendredi, de rappeler à Christian Estrosi qu’il avait été élu grâce aux voix de la gauche :

 

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Est-ce que vous croyez vraiment qu’une région qui compte plus de six millions de personnes ne peut pas accueillir dignement 1.000 personnes ? D’une part, c’est faux puisqu’aujourd’hui, [dans] la région Paca, nous arrivons à le faire, nous avons des élus qui nous aident. Ensuite, je note que dans cette histoire, le FN s’est insurgé de 'plagiat' auprès de monsieur Estrosi et moi, je voudrais surtout dire à monsieur Estrosi qu’il a un peu oublié comment il a été élu en décembre dernier parce qu’il était le seul candidat républicain au second tour des élections régionales, que le peuple de gauche s’est mobilisé pour que le Front national ne gagne pas ces élections régionales, et que ce que fait aujourd’hui monsieur Estrosi est totalement inadmissible. Heureusement qu’en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur nous avons de nombreux élus, de droite comme de gauche, qui nous aident, tant sur l’accueil des migrants d’ailleurs que sur l’accueil de publics en grande difficulté.

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Jeudi soir déjà, le patron des députés PS Bruno Le Roux avait dénoncé une "course pour gagner la palme de l'extrémisme" :

Dans un communiqué envoyé jeudi soir, le PS a exprimé sa "plus grande colère" après l'adoption de cette motion. Rue de Solférino, on estime que "le président de la Région PACA a déserté le terrain des valeurs, de l’éthique et du sens républicain".

En décembre dernier, Christian Estrosi s’était pourtant posé en rassembleur après le désistement de la gauche pour faire barrage à l’extrême droite. Ce tenant de l’aile droite de LR connu pour ses sorties polémiques, notamment sur la cinquième colonne islamiste, avait même fait inscrire la mention "résistance" sur ses affiches de campagne de l’entre-deux-tours. Surtout, en échange du retrait socialiste, Christian Estrosi avait promis à la gauche "la création d'un Conseil territorial , qui permette à ceux qui ont fait le sacrifice de ne pas être candidat au second tour par esprit républicain, de pouvoir s'exprimer et se prononcer sur la vie de la collectivité".

Pour reprendre l’étrange formule de Nicolas Sarkozy , Christian Estrosi n’a pas *envoyé la rhubarbe* sur ce coup-là.





[Edit 05/11]

Cité par La Provence ce samedi, Manuel Valls s'est aussi livré à une verte critique de cette motion anti-migrants. Le Premier ministre a ainsi dénoncé "le nationalisme étriqué incarné à la Région Paca par ceux qui ont vite oublié comment ils ont été élus en décembre 2015".

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