OSEF LES RÉFÉRENDUMS - S'il est élu, il annule tout. Ou presque. En cas de victoire à la présidentielle en 2017 (et donc à la primaire de la droite au préalable), Nicolas Sarkozy veut proposer une initiative d'ordre européen qui ne manquera pas de surprendre ceux qui sont attachés à la valeur d'un vote par référendum. L'ancien chef de l'État veut en effet tenter d'organiser un nouveau vote sur le Brexit au Royaume-Uni, qui avait décidé de quitter l'Union européenne en juin dernier.
Le Financial Times rapporte (article en anglais) ces propos de l'ex-Président devant des chefs d'entreprise, mardi 27 septembre aux "Primaires de l'Économie" à Paris. Il a d'abord réaffirmé que son premier acte de chef de l'État serait de se rendre à Berlin pour rencontrer la chancelière Angela Merkel, avec un brouillon de "nouveau traité" européen. Le lendemain, il se déplacerait à Londres et ferait ce qui suit :
"Je dirai aux Britanniques : 'Vous êtes sortis, mais nous avons un nouveau traité sur la table donc vous avez une opportunité de voter à nouveau. Mais cette fois pas sur la vieille Europe, sur la nouvelle Europe. Voulez-vous rester ? Si oui, tant mieux. Parce que je n'accepte pas de perdre la deuxième plus grande économie de l'Europe alors que nous sommes en train de négocier avec la Turquie pour son adhésion. Et si c'est 'non', alors c'est un vrai 'non'. Vous êtes dedans ou vous êtes dehors'.
"
Rien de moins qu'un nouveau scrutin puisque le résultat du premier n'est pas satisfaisant, donc. Une vision quelque peu étrange du processus démocratique (qui rappellera peut-être à quelques uns le "non" au référendum de 2005 sur la Constitution européenne, dont le résultat a été annulé par la ratification du Traité de Lisbonne en 2007).
> À lire : Nicolas Sarkozy justifie de manière totalement incompréhensible le traité de Lisbonne
Étrange également selon la réflexion de Nicolas Sarkozy lui-même sur cet événement majeur de la construction européenne. Le candidat à la primaire n'a de cesse de répéter que le Royaume-Uni doit mettre en oeuvre le processus concret de sortie de l'UE "au plus vite", justement parce que "vous êtes dedans ou vous êtes dehors". Puisqu'ils ont décidé de tracer leur route, les Britanniques doivent donc assumer, juge Nicolas Sarkozy. Enfin, jusqu'à récemment donc (il avait semble-t-il déjà développé cette idée le 22 septembre, puisque le numéro 2 du FN Florian Philippot s'en était indigné).
Étrange encore puisque prenant la mesure de ce Brexit, il pense également que le Brexit peut être une "opportunité" pour les entreprises françaises. "Il faut faire de Paris la place des start-ups. De ce point de vue, le Brexit représente une formidable opportunité", a-t-il ainsi déclaré mardi. Le même jour, il propose donc tout à la fois *d'annuler* cette sortie de l'Union ET d'en profiter pour redynamiser le tissu économique français...
Notons par ailleurs que Nicolas Sarkozy souhaite proposer un référendum pour l'adoption de ce "nouveau traité". Cette idée date du 24 juin. Un mois plus tôt, il y était pourtant opposé, déclarant : "Je ne crois pas que le référendum soit la meilleure façon de répondre à des questions si complexes portant sur la refondation de l'Europe, qui sont de la compétence de la représentation parlementaire."
Le Premier ministre anglais Theresa May a indiqué qu'elle n'activerait pas l'article 50 du traité européen, déclenchant la sortie de l'UE, avant la fin de l'année 2016.